L’aversion au bruit, on y est tous sensibles. Fréquemment, des sons nous dérangent. Mais lorsque le moindre chewing-gum mâché, la moindre biscotte craquée, le moindre pop-corn croustillé, le moindre ronflement émis, la moindre page léchée et tournée, le moindre ongle rongé, sont des petits bruits sournois à répétition, ils en deviennent alors les pires ennemis des tympans. Ces agressions oppressantes, ne sont pas des tocs. Il s’agit d’une pathologie encore très méconnue qui répond au doux nom de misophonie. En France, 15% de la population en souffrent ; un mal auquel il faut rajouter l’incompréhension, le mépris et les moqueries permanentes des autres.
Damien Ronseau en fait partie. Quel n’est pas son étonnement de découvrir qu’Alexi Cormès, le serveur du café dans lequel il a pour habitude d’aller chaque matin prendre son petit déjeuner, en est atteint tout comme lui. Donc non, ils ne sont pas fous. Le dysfonctionnement de leurs cerveaux en fait simplement des personnes différentes et surtout hors cadre. Mais alors, quel remède à ce trouble neuropsychique complexe ? L’isolement ? Le retranchement ? Des protections auditives ? Le port d’un casque anti-bruit ?
Le fait d’être tous deux misophones va rapprocher Damien et Alexi. Entre eux, une complicité va naître. L’anxiété de l’un va devenir le soutien de l’autre. Pour le meilleur comme pour le pire. Leurs épreuves seront-elles salvatrices ? Arriveront-ils à s’écouter pour mieux s’apprendre soi-même ? Feront-ils de leur particularité un atout ? Sauront-ils prendre sur eux, contrôler leurs pulsions agressives, vaincre leur comportement obsessionnel pour trouver apaisement et sérénité dans leurs vies jusqu’à présent tourmentées et chaotiques ?
« Les Misophones », un livre de Bruno Salomone qui met dans la lumière une phobie quasi anonyme, qu’il connait bien et pour cause, il en est lui-même atteint. Par une plume au style allègre dirigée par le ton de l’humour, il apprend et fait comprendre ce mal méconnu dont nous souffrons tous plus ou moins indirectement. Merci à lui pour cet éclaircissement et cette connaissance apportée. Ils sont désormais une porte ouverte sur ce mal handicapant. Pour l’auteur, exit toutes formes de condescendance. Il n’est simplement question que d’empathie et de respect quant au regard que l’on aurait pu poser avec maladresse sans connaître ce trouble. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, comme il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Maintenant on sait, alors diminuons le volume et faisons attention au nom du mieux vivre ensemble. – Éditions Le Cherche Midi – 17 euros
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