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22 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Les Pays-Bas ont expulsé, deux ministres turcs

GABRIEL MIHAI

Les Pays-Bas ont expulsé la ministre turque de la Famille, en visite à Rotterdam, quelques heures après avoir empêché la venue du chef de la diplomatie turque qui devait assister dans la ville portuaire à un rassemblement de soutien au président Erdogan.

La police néerlandaise a interdit l’accès au centre de Rotterdam afin d’y rétablir l’ordre, alors que les manifestants étaient encore appelés à se réunir près du consulat turc de la ville, après l’annulation de la visite du ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu samedi. A Istanbul, des manifestants ont arraché le drapeau hollandais au consulat et l’ont remplacé par le drapeau turc.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, devait participer samedi à une manifestation publique aux Pays-Bas, mais les autorités du pays ont choisi d’annuler l’atterrissage de son avion. Le gouvernement néerlandais a pris cette mesure estimant que l’ordre public et la sécurité étaient menacés. Dans la soirée, la ministre turque des Affaires sociales Fatma Betul Sayin Kaya, arrivée en voiture depuis l’Allemagne pour participer au meeting, a aussi été intimée de faire demi-tour. La situation dégénère en crise diplomatique entre Ankara et La Haye.

La ministre des Affaires familiales turque, Fatma Betül Sayan Kaya, a été escortée par les autorités néerlandaises vers la frontière allemande dans la nuit de samedi à dimanche, a confirmé le bourgmestre de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, lors d’une conférence de presse.

Le bourgmestre de Rotterdam a affirmé que la ministre turque était « une étrangère non désirée » sur le territoire néerlandais. La ministre et son convoi ont été escortés sous surveillance vers l’Allemagne voisine. Mme Kaya s’était rendue en voiture à Rotterdam depuis la ville allemande de Düsseldorf. « Elle a été expulsée vers le pays d’où elle était venue », a confirmé le bourgmestre lors d’une conférence dans la nuit. Elle a été reconduite à la frontière par la police néerlandaise, alors qu’après plusieurs heures de négociations, il s’est révélé « impossible de trouver une solution », selon le bourgmestre. Les autorités néerlandaises ont répété à leurs homologues turques que Mme Kaya n’était « pas la bienvenue. Mais elle a quand même décidé de venir », a-t-il déploré.

La situation s’inscrit dans le cadre de vives tensions diplomatiques entre les Pays-Bas et la Turquie. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’était vu plus tôt refuser l’accès aux Pays-Bas samedi, alors qu’il devait participer à un meeting destiné à la diaspora turque aux Pays-Bas en vue du référendum constitutionnel. Dans l’après-midi, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé des « vestiges du nazisme ». Des propos qualifiés de « fous » et « déplacés » par le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. Le bourgmestre de Rotterdam a pour sa part lancé lors de la conférence de presse dimanche matin: « Ne savent-ils pas que je suis l’élu (d’une ville située) dans une région qui a été bombardée par les nazis ? », parlant des dirigeants turcs.
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a promis dimanche de « fortes contre-mesures » après que sa ministre chargée des Affaires familiales Fatma Betul Sayin Kaya a été priée de quitter le territoire néerlandais alors qu’elle se rendait depuis l’Allemagne vers le consulat turc à Rotterdam aux Pays-Bas.

« Nos sois-disant amis Européens, qui parlent de démocratie, liberté d’expression, droits de l’homme à chaque opportunité, ont au cours de cet événement une fois encore échoué », a déclaré M. Yildirm dans un communiqué publié dimanche. Des incidents de la sorte permettent à la Turquie de découvrir « qui sont ses vrais amis », a-t-il encore estimé. Il a appelé au calme les ressortissants turcs qui résident aux Pays-Bas et en Allemagne.

La ministre turque de la Famille Fatma Betül Sayan Kaya a dénoncé à son retour à Istanbul dimanche la façon « lamentable » dont elle a été traitée par les Pays-Bas qui l’ont expulsée et reconduite à la frontière avec l’Allemagne. « Nous avons subi un traitement grossier et pénible (…) Traiter ainsi une femme ministre est lamentable », a-t-elle déclaré aux journalistes à l’aéroport Ataturk d’Istanbul, où elle a été accueillie par une foule brandissant des drapeaux turcs.

L’exécutif turc misait sur sa campagne en Europe pour toucher la diaspora. Près de 400 000 personnes d’origine turque vivent aux Pays-Bas.

La crise entre les Pays-Bas et la Turquie survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais mercredi, au terme d’une campagne où l’islam a été un thème majeur. Le parti du député anti-islam Geert Wilders est donné en deuxième place par les derniers sondages.

La campagne pro-Erdogan en Europe a également provoqué des tensions avec l’Allemagne, plusieurs villes allemandes ayant annulé des rassemblements pro-Erdogan.

Le président turc a accusé le 5 mars l’Allemagne de «pratiques nazies», des propos qui ont suscité la colère à Berlin et à Bruxelles.

PHOTOS: IMPACT EUROPEAN / WPA

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