Les pays européens ont «besoin d’une réponse coordonnée et rapide» pour faire face à la menace terroriste, a déclaré Emmanuel Macron à l’issue d’un mini-sommet en visioconférence avec plusieurs dirigeants de l’UE, après les attentats en France et en Autriche.
Lors de cette réunion, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, la chancelière Angela Merkel, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, étaient présents.
Pour le président français, cette réponse doit en particulier porter sur «le développement de bases de données communes, les échanges d’information ou le renforcement des politiques pénales», et une «mise en oeuvre complète et rigoureuse de l’arsenal de mesures» dont l’Europe s’est déjà dotée.
« Nous avons besoin d’une réponse commune, coordonnée et rapide », a déclaré Emmanuel Macron qui souhaite améliorer la sécurité, le travail des services entre les différents pays de l’Union européenne et la lutte contre la radicalisation.
Les participants ont évoqué notamment l’urgence d’agir contre la haine en ligne, pointée du doigt en particulier en France au moment de l’assassinat de Samuel Paty, tué pour avoir montré à ses élèves les caricatures du prophète Mahomet.
« Internet est un espace de liberté, nos réseaux sociaux aussi, mais cette liberté n’existe que s’il y a une sécurité et que si elle n’est pas le refuge de ceux qui bafouent nos valeurs ou cherchent à endoctriner avec des idéologies mortifères », a estimé le président Macron.
« Le règlement sur le retrait des contenus terroristes d’internet, dans un délai d’une heure, doit être absolument adopté dans les semaines à venir », a-t-il ajouté, soutenant également « la volonté de la commission de proposer début décembre une nouvelle législation pour lutter contre la diffusion des discours de haine, la directive dite DSA ».
L’autre grand axe des discussions aura porté sur l’espace Schengen et la sécurité des frontières extérieures de l’Union.
Mark Rutte, premier ministre néerlandais, a ainsi salué la « particularité » de cet espace au sein duquel les hommes et les biens circulent librement. « Mais nous ne pouvons le préserver que si nous nous concentrons urgemment, urgemment, sur les frontières extérieures », a-t-il estimé.
« Il est urgent et crucial de savoir qui entre et qui sort », a renchérit la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette visioconférence a été organisée une semaine après l’attentat djihadiste de Vienne et après celui de Nice et la décapitation de Samuel Paty en France en octobre.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a évoqué les «milliers de combattants terroristes étrangers qui ont soit survécu aux combats en Syrie, en Irak (…) et sont revenus, soit qui n’ont pas pu partir (…) Beaucoup d’entre eux sont en prison. Certains d’entre eux sont déjà libérés et la triste vérité, c’est que nombre d’entre eux seront libérés dans les prochaines années. Ce sont des bombes à retardement et si nous voulons protéger toute notre liberté, nous devons restreindre la liberté de ces personnes».
Le chef de l’État avait annoncé vouloir doubler les forces de contrôles aux frontières françaises et a appelé à « refonder » « en profondeur » les règles régissant l’espace Schengen de libre circulation en Europe. Emmanuel Macron l’a à nouveau déclaré lors de ce mini-sommet. « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme. Mais il faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes. L’attentat de Nice, malheureusement, en est aussi l’illustration », a-t-il déclaré.
Le président souhaite donc « renforcer la sécurité des frontières extérieures de l’Union européenne » et « améliorer les mécanismes d’évaluation de Schengen ». Et de conclure : « Réformer Schengen, c’est permettre la liberté, en sécurité ».
Emmanuel Macron a aussi dénoncé « le dévoiement du droit d’asile » dans de nombreux pays européens. « Dans tous nos pays, nous assistons à un dévoiement du droit d’asile », qui est utilisé « par des trafiquants », des « réseaux » ou des personnes « venant de pays qui ne sont pas en guerre », a-t-il déclaré.
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