L’église Saint-Roch, 296 rue St Honoré (75001), est un mélange des styles classique et baroque. Elle a nécessité presque un siècle pour sa construction, de 1653 et 1722. Avant elle, une petite chapelle, dédiée à Ste Suzanne, se trouvait à cet emplacement.
En 1521, un commerçant fit édifier cette chapelle, 56 ans plus tard, son neveu fit bâtir une grande église sous la protection de St Roch. Ce dernier est le patron des professions médicales, des animaux maltraités ou injustement accusés et surtout le guérisseur des pestiférés. En 1653, le corps de l’église est élevé. Louis XIV et sa mère Anne d’Autriche posent la première pierre. Les plans sont inspirés de ceux de Notre-Dame de Paris (nef et choeur bordés de bas-côtés ouvrant sur des chapelles latérales et transept non saillant).
Architecture et décoration
Jacques Mercier, architecte de la Sorbonne en est le responsable. La chapelle en hommage à Ste Suzanne est l’une des premières construite pour rendre hommage à l’ancienne. Les architectes Jules Hardouin-Mansart, puis Pierre le Muet succèdent à Jacques Mercier.
Robert de Cotte dessine une façade à 2 étages. Les travaux ne s’achèvent qu’en 1738. Inspirée de l’église du Gésu à Rome. Au premier niveau se trouvent des colonnes doriques. Elles soutiennent l’entablement décoré d’une frise de triglyphes et de métopes à décor circulaire. Au second, des colonnes corinthiennes soutiennent le fronton central décoré d’une grande coquille.
Durant le XVIIIème siècle, on verra apparaître d’autres chapelles (Chapelle du Calvaire, de la Communion, de la compassion, de la Vierge, des fonts baptismaux, St Jean-Baptiste, St Nicolas ) mais aussi la transformation de la façade et de la toiture. St Roch devient alors l’une des plus vastes églises de Paris où de nombreuses personnalités sont inhumées.
Jules Hardouin-Mansart, architecte du « Roi Soleil » réalise la chapelle de la Vierge, de style baroque. Elle est composée d’un vaisseau central elliptique, entouré d’un déambulatoire. Ses arcades en plein cintre sont surmontées d’un tambour percé de vitraux à motifs baroques. L’ensemble est coiffé d’une coupole ovale peinte par Jean-Baptiste Pierre.
Mobilier, sculptures et tableaux ornent l’église : « Le Christ au jardin des oliviers » d’Étienne-Maurice Falconet; un buste d’André Le Nôtre et un autre de François de Créqui par Coysevox; une Nativité et un Christ en croix par Michel Anguier; « Résurrection du fils de la veuve de Naïm » par Eustache Le Sueur; « Godefroy de Bouillon » par Claude Vignon; « Présentation du Christ au Temple » par Jean Restout, »; « le baptême de l’eunuque « et « Saint François Xavier » baptisant un indien » par Théodore Chassériau et « la Gloire divine », réalisée par Étienne Maurice Falconet.
Personnalités inhumées entre le XVIIème et XVIIIème siècle
Les sculpteurs François et Michel Anguier; Claude François Bidal d’Asfeld; le peintre et graveur Bon Boullogne, dit Boullogne; Marie-Anne de Bourbon, fille naturelle de Louis XIV et de Louise de La Vallière; l’écrivain Pierre Corneille; la femme de lettres Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières; l’encyclopédiste Denis Diderot; l’amiral Dugay-Trouin; l’écrivain et scientifique Bernard Le Bouyer de Fontenelle; Marie-Thérèse Rodet Geoffrin qui tenait un salon; le poète franc-maçon Claude Adrien Helvetius; le Président Heinaut, académicien; le savant et philosophe Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach; le poète Alexandre Lainez; le lieutenant Philippe Claude de La Marche; le jardinier du Roi André Le Nôtre; le philosophe Gabriel Bonnot de Mably; le négociant et avocat Nicolas Ménager; René, capitaine de frégate et son fils Pierre Nicolas Moreau de Maupertuis; le grand chambellan Fortunat Rangoni; l’académicien François-Séraphin Régnier-Desmarais; le poète Alexis Piron et l’évêque Gabriel Cortois de Pressagny.
Les tombeaux récupérés
– Comte d’Harcourt (provenant du couvent des Feuillants)
– Maréchal François de Créquy (provenant des Jacobins de la rue Saint-Honoré)
– Charles de Créqui, frère du précédent (provenant des Capucines de la place Vendôme)
– Pierre Mignard (provenant des Jacobins de la rue Saint-Honoré)
St Roch, la Révolution et le début de l’Empire
Pendant la révolution, les conflits entre révolutionnaires et monarchistes ont laissé des traces sur la façade. Les convois emmenant les condamnés passaient par la rue St Honoré et on observait des embuscades pour libérer les condamnés. A l’intérieur, les dépouilles ont disparu des tombeaux. Certaines dont celle de Diderot n’ont pas été retrouvées. Les belligérants détruisent le mausolée de Louise Elisabeth La Live de Jully , sa dépouille a disparu, il ne reste aujourd’hui que son médaillon visible dans la chapelle St Jean-Baptiste. Des pillards s’emparent des oeuvres d’art et détruisent les grandes orgues. Il ne reste que le buffet d’origine.
Le 5 octobre 1795, 13 Vendémiaire An IV du calendrier révolutionnaire, reste une triste date dans l’histoire. Le Général Bonaparte mitraille les insurgés royalistes sur les marches de l’église Saint-Roch, faisant en trois quarts d’heure près de 300 victimes.
En 1798, les théophilanthropes, pratiquants religieux qui ne croient qu’en Dieu et en l’amour de leurs prochains, transforment l’église en « Temple du Génie ».. Après le rétablissement du culte catholique en 1804, des milliers de manifestants protestant contre le refus d’enterrer la comédienne Françoise Raucourt, saccagent l’église 9 ans plus tard. Entre le XVIIIème et XIXème siècle, de nombreuses oeuvres viennent enrichir le décor de l’église. On compare alors St Roch à un musée de l’art religieux.
St Roch, paroisse des artistes au XXème siècle
En 1922, 2 sociétaires de la Comédie Française, située non loin de l’église, ont l’idée de créer une aumônerie pour les comédiens. Georges Le Roy et Jeanne Delvair y créent l’Union catholique du théâtre, étendue depuis à la danse, au cinéma, à la chanson et aux arts lyriques. Vers 1925, apparaît la paroisse des métiers du spectacle malgré le passif existant entre le théâtre et l’église. Afin d’obtenir cette réconciliation, ils vont à Rome demander la bénédiction du Pape. Au départ, la paroisse concernait seulement les comédiens. Aujourd’hui, tous les artistes du spectacle peuvent la fréquenter.
On parle de paroisse des artistes car depuis le XVIIème siècle, on y a célébré les obsèques de nombreux représentants des arts : Corneille; Le Nôtre; Diderot; Champollion ou Alfred de Musset. Plus récemment, les obsèques d’Yves St Laurent, Michel Galabru, Claude Brasseur ou Patrick Dupond ont eu lieu en l’église St Roch à Paris.
L’aumônier des artistes
En 2006, le père Philippe Desgens, ancien élève du Cours Florent, est le premier prêtre nommé aumônier des artistes. A St-Roch jusqu’en 2016, il fréquente de nombreuses vedettes, ce qui lui vaut le surnom de « curé des stars ». En septembre 2018, le père Luc Reydel, lui succède et officie durant les 2 veillées d’hommage à Johnny, organisées quelques jours plus tôt. Les fans ont allumé des dizaines de bougies devant l’autel et l’écran géant sur lequel défilaient des photographies de « l’Idole des jeunes ».
Le père Luc Reydel, aumônier des artistes du spectacle à Saint-Roch, commente les funérailles de Johnny Hallyday. C’est la première fois qu’il se retrouve au devant de la scène médiatique.
More Stories
Fini la comédie ! Confidences à Dalida
Des jambons au cœur d’une querelle de clocher !
Paris rend hommage aux victimes du 13-Novembre, neuf ans après