A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, Valérie Pécresse a tenu son premier grand meeting de campagne au Zénith de Paris ce dimanche 13 février devant plus de 7500 personnes.
« Vous m’avez manqué ! » La candidate LR a démarré son discours par des remerciements aux élus et militants LR, son « équipe de France ». Se positionnant en adversaire directe d’Emmanuel Macron et d’Eric Zemmour, le polémiste au coudes à coudes dans les sondages. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur a tenté de galvaniser son public. « Je vous appelle au sursaut. Cinq ans, c’était trop. Dix ans ce sera trop tard ! » « Les jeunes subiront: pour les dettes contractées dans les dix ans, plus de 30 ans de remboursement. »
« Depuis dix ans, nos gouvernants ont abîmé la France, nous sommes à la croisée des chemins. Il n’y a pas de fatalité, ni au grand remplacement, ni au grand déclassement.« Je défends l’identité française, la vraie, car la France n’est pas une nostalgie, c’est une énergie. Etre français, ce n’est pas se résigner, c’est se relever. »
Valérie Pécresse, a ensuite abordé le sujet du changement climatique. « Tout l’enjeu sera de décarboner la France sans tomber dans la décroissance. L’écologie est une valeur, ce n’est pas une idéologie. C’est une solution, ce n’est pas une punition » avant de plaider pour la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe.
Valérie Pécresse a clamé : « Je veux faire des Français de cœur, et pas seulement des Français de papier ». Plus tôt, elle avait cité, dès la quatrième minute de son discours, la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement » – des expressions directement issues du registre de l’extrême droite, d’abord antisémite, puis xénophobe, on n’avait pas entendu la formule en meeting depuis les envolées de Jean-Marie Le Pen.
Des frontières à l’immigration, il n’y a qu’un pas. Valérie Pécresse se dit prête à soutenir la construction de murs, « comme le font certains Etats. « Je veux qu’ensemble nous luttions contre l’immigration qui débouche sur des zones de non-France. Si un pays refuse de reprendre ses clandestins, ce sera, avec moi, zéro visa ». « Je veux faire des Français de cœur et pas de papier. » « Je veux une France de l’ordre, car je veux la France de la concorde ».
L’association SOS-Racisme a, elle aussi, jugé « pas dignes » les propos de la candidate LR, lundi. « Les propos de Valérie Pécresse ne sont pas dignes d’une prétendante majeure à la présidence de la République », a déclaré le président de SOS-Racisme, Dominique Sopo, cité dans un communiqué, regrettant que le niveau de débat « s’effondre dans la médiocrité, l’irrationalité et la violence sous l’influence de l’extrême droite ». « Valérie Pécresse a tort de vouloir donner des signes à un électorat radicalisé, car cet électorat n’est jamais assez assouvi de haine. En outre, l’on sait, sur la base des attentats de Christchurch [en Nouvelle-Zélande, en 2019], que la théorie du grand remplacement peut entraîner des conséquences mortelles », ajoute M. Sopo.
La candidate LR, tentant de souligner qu’en France le travail n’est pas rémunéré, a également remis en débat le minimum social (RSA) pour que chaque bénéficiaire accomplisse au moins 15 heures de travail d’intérêt général, afin de bénéficier de cette aide à la survie. Plus elle avance dans le détail, plus elle dérive la politique de droite vers l’extrême droite.
“Personne ne me fera baisser les yeux, personne ne doit plus nous faire baisser les yeux. » Revendiquant sa liberté, elle cite avec émotion sa marraine de coeur Simone Veil puis Nicolas Sarkozy. Elle a salué « son audace, sa force, sa vision. Il m’a donné cette chance unique d’être ministre et ministre de la réforme la plus explosive du gouvernement ».
La candidate a conclu son discours en appelant les Français à l’unité nationale face aux extrémismes, allusion à peine masquée à Eric Zemmour et Marine Le Pen. « Les extrémismes vous mentent, refusez le venin de la nostalgie. Ne laissez pas la colère et la peur l’emporter, a-t-elle réclamé. J’incarne la France de l’unité nationale, ils sont la désunion ». « Nous sommes là pour dire que la nouvelle France arrive, la France éternelle et nouvelle qui renoue avec cette épopée. Je veux que ce nom de France résonne de nouveau. Etes-vous prêts à vous lancer ? A traverser les tempêtes ? A soulever les montagnes ? A foncer vers la victoire ? Moi je le suis, alors suivez-moi. »
Invitée de RTL lundi matin, Valérie Pécresse a assuré qu’en reprenant ce terme elle avait voulu dire : « Je ne me résigne pas justement aux théories d’Eric Zemmour et aux théories de l’extrême droite, parce que je sais qu’une autre voie est possible. » « C’est ce que j’ai dit hier et tout le monde me fait dire le contraire », a-t-elle ajouté. Et de rappeler : « C’est une phrase que j’ai prononcée dix fois dans la primaire, et tous les commentateurs qui la reprennent ont des mémoires de bigorneau. » Lors du deuxième débat avant le congrès des Républicains, à la mi-novembre, Mme Pécresse avait, en effet, déjà utilisé cette formule en conclusion. « Ce soir, après dix ans d’immobilisme, et de mauvais choix, il ne tient qu’à nous de reprendre notre destin. J’ai la conviction que nous ne sommes condamnés ni au grand déclassement ni au grand remplacement », a-t-elle alors déclaré.
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