Sa vocation a toujours été celle de chanter. Depuis toute petite, Candice Kayne le sait. C’est comme un appel auquel il lui faut à tout prix répondre. Déterminée plus que jamais, elle va suivre la voie qui s’est imposée à elle. Et de la voix, autant grave que haute, elle en a. Candice est une auteure-interprète à l’univers bien défini et à la tête bien faite. À l’occasion de la sortie de « Rien ne retient les torrents », premier extrait de son album en préparation, rencontre avec une mélancolique poétesse.
Impact European : Vous avez 13 ans, quand vous découvrez votre voix. Qu’est-ce qui vous a donné envie de chanter ?
Candice Kayne : L’opéra rock « Starmania ». Je me suis attachée aux personnages, connaissais toutes les chansons que j’aimais reprendre devant ma famille.
IE : C’est votre grand-père qui aurait décelé la graine de talent qui germait en vous…
CK : En effet. Il était le grand sage que tout le monde écoutait. Quand il m’a entendu chanter « Monopolis », l’évidence lui est apparue et c’est devenu la mienne. Je me suis battue, car ma mère n’était pas de cet avis.
IE : La musique c’est le poumon de votre vie ?
CK : C’est exactement ça. Pendant une période, j’ai dû tout arrêter, pensant que mon chemin était au final tout autre. Alors, je me suis mariée et j’ai fait trois enfants. Mais pendant tout ce temps, j’étais en apnée. À plusieurs reprises, j’ai fait des crises d’angoisse. Personne ne me comprenait, d’autant que médicalement, tout allait très bien. En fait, inconsciemment, je souffrais de ne plus chanter et ça m’atteignait physiquement. C’est Patricia Samuel ancienne coach de Lara Fabian, qui m’en a fait prendre conscience. Ses mots ont fait écho à tout ce que je ressentais depuis toutes petite. L’entendre me dire « tu es un chanteuse » m’a réveillée et révélée.
IE : Que représente le fait d’être sur scène ?
CK : C’est un moment de grâce. Aujourd’hui, je trouve qu’on banalise la scène un peu trop. On y monte comme on va faire ses courses, alors que c’est un endroit magique et privilégié. Quand je m’y trouve, il n’y a plus rien autours. Plus rien ne peut m’atteindre.
IE : Vous co-écrivez les textes de vos chansons avec l’un des plus célèbres paroliers, Claude Lemesle. Cette confiance témoignée est-elle une conviction quant à votre potentiel ?
CK : Chaque personne qui croit en moi vient rajouter une pierre à mon édifice de confiance en moi. Donc oui, le témoignage des autres m’aide et me conforte dans mon choix pris, mais j’ai encore un travail sur moi à faire et de l’expérience à acquérir pour avoir un regard et du recul sur mon potentiel.
IE : Qui sont vos modèles ?
CK : Piaf, Brel, Barbara pour leurs textes bien sûr, mais surtout pour leur façon d’être restés eux-mêmes. Ils ont su s’imposer comme ils étaient, sans aucun formatage, sans aucun masque. Dans les actuels, il y a Lara Fabian qui est l’une de mes plus grandes références, Isabelle Boulay et Natasha St-Pier, toutes des chanteuses à voix qui m’ont inspirée.
IE : Est-ce que cela a été le cas de Jocelyne Esther Journo ?
CK : Tout à fait. C’était la cousine germaine de ma mère. Elle était chanteuse. Elle s’est inscrite dans le mouvement yéyé des années 1960 avec plusieurs titres qui ont eu du succès. Malheureusement, elle a disparu en pleine gloire. Il est évident que j’ai son ADN en moi. J’en ai hérité.
IE : Chanter, c’est avoir de la technique ou c’est une performance ?
Bien sûr c’est de la technique, mais ça ne me suffit pas. Pour moi, chanter c’est avant tout interpréter.
IE : Vous avez participé à des concours. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
CK : Sincèrement, pas grand-chose à l’exception d’un peu d’assurance. Confronter et comparer un artiste à un autre quand les âges, les styles et les univers sont différents me semble bizarre. C’est une expérience que je ne regrette pas, mais ce n’est pas elle qui m’a fait grandir et devenir celle que je suis.
IE : Qui vous l’a permis alors ?
CK : Les gens avec lesquels j’ai noué de sincères et solides affinités. Depuis deux ans, ces belles rencontres m’ont permis d’y croire et m’ont transformée. Mon travail et ma détermination ont sans doute fait le reste.
IE : Selon vous, participer à un télé-crochet est l’étape inéducable pour se faire apprécier et connaître aujourd’hui ?
CK : Non. Je pense qu’il y a d’autres solutions. Il est certain que si je dois en passer par là, je le ferai. Mais je préfère pour le moment franchir d’autres portes et me présenter au public en étant déjà accomplie. Du moins, j’essaie. C’est pour cela que je viens de m’entourer d’une équipe.
IE : Aussi, il faut faire la différence. Qu’est-ce qu’il faut pour la faire ?
CK : Avoir du timbre et une signature vocale. Mais un artiste ce n’est pas que la voix. Sa force est de se faire aimer au-delà de sa chanson et de son physique.
Justement, avez-vous conscience de la particularité de votre voix ?
CK : Je mentirais si je vous disais non. Ma particularité vient surtout des messages que je transmets à travers mes chansons, de ce besoin de partager, de cet amour qui bouillonne en moi. Ma voix n’en est que le vecteur.
IE : Comment la décrieriez-vous ?
CK : Ma voix, c’est mon âme. Elle est le réceptacle de tout ce qui se passe dans ma vie. Son ton grave et suave n’est que le reflet de mes blessures accumulées.
IE : En parlant de voix, vous appréciez Lara Fabian. Qu’est-ce qui vous séduit en elle ?
CK : J’ai eu un coup de foudre artiste et humain pour elle. C’était lors de sa première nomination aux Victoires de la Musique. J’étais devant la télévision. Je la découvrais. En l’écoutant chanter une larme a coulé naturellement sur ma joue sans que je la contrôle. Je ne peux l’expliquer, j’ai su à ce moment-là que ma vie ne serait plus la même. Lara est cette « flamme jumelle », celle qui me fait écho. Et tant pis si l’on ne me comprend pas.
IE : D’où le titre « Deux voix, deux cœurs », qui a été écrit en pensant à elle.
CK : Exactement. Conjuguer ma voix à celle de Lara Fabien serait le graal suprême. La mélodie de la chanson était composée lorsque l’on m’a demandé d’en écrire le texte pour lui présenter. Poser les mots n’a pas été simple. Ça a été un travail compliqué et différent, car il fallait faire parler deux personnes, qui se répondent. Avec Claude Lemesle, nous avons imaginé deux femmes, une accomplie en la personne de Lara qui prendrait sous son aile, telle une sœur le ferait, une jeune artiste comme moi et qui la guiderait.
IE : La chanson parle de deux femmes, qui peuvent être des sœurs, des amies, des amantes… Au-delà du message d’amour, est-ce aussi celui de la tolérance ?
CK : Cette chanson peut avoir différentes lectures, différentes interprétations. J’y vois d’avantage celle de deux sœurs. Il n’est pas question pour moi de sexualité, mais d’amour au sens universel. Mais en effet, prônant le respect de l’amour, quelle que soit sa forme, on peut y voir deux femmes qui se sont reconnues et qui, au-delà de leur amitié unie et forte, sont chacune l’alter ego de l’autre.
IE : Parlez-nous de votre premier single « Rien ne retient les torrents ».
CK : En écoutant la mélodie, j’ai ressenti quelque chose qui courait et qu’on ne pouvait arrêter. Ça m’a inspiré le temps qui passe. Je viens de dépasser la trentaine, l’adolescence du monde adulte. Arrivée à une période charnière, je sens le temps peser un peu plus qu’avant. Même si c’est une dimension que l’on ne contrôle pas, il ne faut pas en avoir peur. Quand on aime, lorsque l’on est entouré, on peut le laisser couler tranquillement. C’est un allié qui nous permet de grandir, d’apprendre et de transmettre.
IE : Votre style est plutôt pop-rock ?
CK : J’ai ce côté-là, comme celui du lyrique par mes notes hautes. Mais c’est en piano voix que je me sens plus à l’aise. Ma tessiture s’exprime mieux, l’émotion ainsi que la force des mots prennent davantage sens et place.
IE : Vous êtes d’origine tunisienne. Ce métissage culturel a-t-il construit la femme que vous êtes aujourd’hui ?
CK : Certes, j’ai été bercée dans la tradition tunisienne, mais c’est juste une petite partie de moi dont je suis imprégnée. Je suis et veut être considérée comme une femme du monde.
IE : Vous avez 35 ans et êtes mère de trois enfants. Comment arrivez-vous à concilier votre vie d’artiste ?
CK : Devenir mère et être chanteuses sont les deux choses que je souhaitais. Je les vis sans m’interroger. Tout est question d’organisation et d’amour, au bon rythme.
IE : Quelle mère êtes-vous ?
CK : Je suis une mère assez cool qui n’aime pas les interdits, car ce sont eux qui créent l’envie. Je laisse mes enfants s’exprimer dans tout ce qu’ils ont envie d’être, sans toutefois qu’ils empiètent sur les autres.
IE : Alors pourquoi leur demander « pardon » ?
CK : Ce titre m’est venu avant l’arrivée de mon premier enfant. Il évoque la destruction de la planète, toutes les peurs qui nous tenaillent face à l’avenir. Malgré ce monde fragile qui nous fait peur, nous choisissons de donner la vie. J’ai alors ressenti le besoin de demander pardon à mon enfant pour toutes les difficultés qu’il allait devoir subir et vivre, malgré lui et à cause d’autres.
IE : Comment vous imaginez-vous dans quelques années ?
CK : Sur la scène de l‘Olympia, avec mon nom en lettres rouges qui brilleraient sur le sol mouillé de l’avenue des Capucines, en train de partager ce moment magique avec le public
IE : Quelle est votre plus grande fierté ?
CK : Mes enfants, mais aussi celle d’avoir réussi à dire à mes parents « ça suffit, maintenant je vais devenir qui je suis. Vos peurs, gardez-les pour vous ! ».
IE : Quels sont vos projets ?
CK : Le premier est de terminer l’album. Six titres sont faits et quatre sont en cours de finalisation. Idéalement, je souhaiterais encore ajouter trois ou quatre chansons pour que l’opus soit complet. Ensuite, c’est faire de la scène, d’avoir cette vraie rencontre physique avec le public, chose que je vais réaliser le 6 juillet prochain à Montauroux (83). Je vais y donner un grand spectacle du nom de l’album « Entrez dans ma folie ». Puis fin septembre, à « La Comédie de Paris », je vais faire un show case pour faire découvrir mon univers aux médias et aux professionnels.
IE : Que peut-on vous souhaiter ?
CK : De réaliser tous ces rêves, d’être heureuse et d’apporter du bonheur aux gens qui m’entourent et m’entoureront bientôt.
Visuels : (C) DR
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