Mais cette année, à quelques mois des élections municipales, c’est vers la grande scène que tous les yeux se tourneront. François Baroin puis Emmanuel Macron y ont prononcé deux discours très politiques.
Opération reconquête des élus locaux pour Emmanuel Macron, mardi après-midi à Porte de Versailles, à Paris, pour l’ouverture du Congrès des maires de France, à quatre mois des municipales. Quelques représentants des 34.967 communes de la France a reçu le président, absent l’an dernier de ce rendez-vous annuel.
Accompagné d’une délégation de ministres (Sébastien Lecornu, Jacqueline Gourault, Christophe Castaner) – aux aguets sur les dossiers qui préoccupent les édiles – le chef de l’Etat s’est présenté devant une assistance qui en avait gros sur le cœur et lui a réservé un accueil timide, comme en a témoigné dès son arrivée le silence de plomb qui a suivi son apparition sur les écrans géants.
Pour Emmanuel Macron, pas question de faire l’impasse comme l’an dernier. Avec ce Congrès et ses derniers déplacements sur le terrain, le Chef de l’Etat veut marquer le début de «l’acte II» du quinquennat par l’attention portée aux maires et aux territoires. Il souhaite «continuer de creuser le sillon du grand débat national, ce mano a mano entre le président et les maires pour sortir de la crise dans laquelle nous étions», a indiqué l’Élysée.
Le président a aussi souhaité un projet de loi qui est actuellement discuté au Parlement, ce qui permettra de mieux accompagner les maires (indemnités, assurance, etc.), en particulier ceux de communes de moins de 3 500 habitants.
Une certaine tension, ressentie dès les propos liminaires des figures de l’Association des maires de France (AMF), Anne Hidalgo, André Laignel et François Baroin: « Si le ton a changé, le fond est le même. Il semble que nous ne serions plus trop nombreux, dépensiers, clientélistes mais les fantassins de la République », tacle le premier, vice-président exécutif de l’AMF, en quête d’actions et non de paroles.
Concernant la suppression de la taxe d’habitation, « comme tous les chefs d’Etat, vous avez décidé de supprimer un impôt qui ne vous appartient pas », déclare Francois Baroin à Emmanuel Macron. « Je le dis d’autant que j’ai fait partie d’un gouvernement qui l’a fait ».
Des vœux bien reçus par leur interlocuteur, Emmanuel Macron, qui s’est montré déterminé à flatter et mettre les maires au centre de l’acte II de son quinquennat. « Ces heures passées ici à vos côtés ont agi et agissent comme un concentré d’expériences » a-t-il lancé, en réponses aux critiques sur son absence de mandat local. « Rien ne se fera sans vous », a-t-il assuré. « J’ai besoin de vous », a martelé le président aux édiles. « Cet acte II du quinquennat], j’ai voulu le bâtir autour de quelques sujets où votre rôle est déterminant. Le premier est celui de la transition écologique (…) Le deuxième sujet est la République sociale solidaire », sans oublier l’économie, l’éducation, la santé et la sécurité, a-t-il expliqué. « Je n’ai d’autre obsession que d’agir, de réformer et de faire avec vous », a-t-il surenchéri, refusant « la fatalité ».
« Je veux être jugé sur les actes », a plaidé le chef de l’Etat, en énumérant les dispositifs lancés par le gouvernement pour le territoire. « Les actes, c’est une augmentation de la couverture numérique du territoire (…). Les actes, c’est l’ouverture des 460 premiers [maisons] France Services en janvier 2020, de 1.000 nouveaux cafés dans nos petites villes d’ici quelques mois. Les actes, c’est la transformation en cours des logements des centres-villes et des quartiers, le choix résolu de privilégier le commerce de proximité, pour revitaliser les centres-villes. Les actes, ce sont les 42 quartiers de reconquête républicaine, qui bénéficient de renforts policiers spécifiques. Les actes, c’est ce travail quotidien, résolu, pour faire en sorte que chaque terre de France soit une chance pour celles et ceux qui y vivent », a-t-il souligné.
En revanche, le chef de l’Etat a marqué des points en évoquant la hausse de la rémunération des maires ou la question de la consigne des bouteilles plastiques pour laquelle « rien ne sera fait sans l’accord des maires ». Emmanuel Macron est revenu sur la nouvelle étape de décentralisation, que le gouvernement doit présenter à la fin du premier semestre 2020, issue du grand débat national mis sur pied pour sortir de la crise des « gilets jaunes » : « Oui à la décentralisation ! Mais à la décentralisation où les compétences sont accompagnées d’une décentralisation claire des financements et des responsabilités qui vont avec », a-t-il annoncé sans plus de précision. Ciblant le « communautarisme » et « l’islamisme politique qui dans « certains quartiers progressent avec des projets de séparation avec la République », il a assuré que le gouvernement porterait « des actions nouvelles concrètes dans les prochaines semaines » sans plus de précisions et s’est prononcé contre l’interdiction des listes communautaires aux municipales de mars.
« La République ne peut pas vous demander tant, sans vous assurer une sécurité », a promis Emmanuel Macron, après avoir salué la mémoire de Jean-Mathieu Michel, le maire de Signes tué cet été. Concernant la controversée suppression de la taxe d’habitation, le chef de l’Etat a pris le pas de l’humour : « Si durant votre campagne, beaucoup de vos électeurs vous reprochent la baisse (d’impôt)… Faites-le moi savoir ! Et qu’ils viennent se plaindre ! Et parfois, peut-être, vous aurez le droit d’empocher les félicitations qu’ils vous livrent à vous et pas au gouvernement ».
« Le discours est un peu long; ecouter c’est bien, entendre c’est mieux », a réagi le maire de Rives-en-Seine, Bastien Coriton (UG – PS), qui a quitté la salle pendant l’allocution du chef de l’Etat. « On s’attendait à des réponses concrètes, pas un prêche sur la politique du gouvernement, loin de nos préoccupations », a-t-il ajouté.
«En concluant mon propos, je voulais vous remercier d’avoir fait vivre cette République si vivante, si diverse, mais debout, forte d’avoir donné un cadre aux colères et aux indignations et d’avoir montré, une fois encore, que notre République est forte. Notre République continuera, dans les mois qui viennent, à affronter ces peurs, mais je sais ce que nous avons vécu ensemble et ce que nous avons fait ensemble, et cela me rend formidablement optimiste. La République, ce n’est pas une nostalgie. La République, ce n’est pas non plus un immobilisme. La République, c’est une volonté. C’est un projet unique de liberté, d’égalité, de fraternité. Ce sont des droits, on les rappelle chaque jour, on se combat pour les étendre, mais aussi des devoirs, devoirs pour les responsables que nous sommes partout, devoirs pour nos concitoyens, et il faut leur rappeler toujours. S’il n’y a plus de devoirs, il n’y a pas de droit qui tienne. Devoir de respecter l’autre, devoir de respecter la quiétude et l’ordre public, parce que c’est la garantie de la liberté, de conscience, d’expression comme de manifestation, devoir de civilité car la démocratie interdit la haine, précisément parce qu’elle est libre, devoir d’aimer cette collectivité qui nous unit et qui, précisément, est celle qui prodigue des droits et sans laquelle rien ne tient. Et de la commune à la nation, tel est notre rôle : rappeler les droits et les devoirs à chacun, ne jamais oublier cet « en même temps » républicain auquel je crois profondément.
Oui, la République, c’est cette soif d’agir, ce sont ces mille fils tendus, cette amitié profonde que nous devons rappeler à nos concitoyens. C’est cela ce que, durant tous ces mois, vous avez montré. C’est cela, je vous parle très franchement, que nous aurons encore à faire jusqu’aux élections prochaines et au-delà, car nous ne réglerons pas en un jour ce défi et continuerons d’être devant, nous, et nous aurons à le porter, mais c’est ce qui nous unit, quelles que soient les sensibilités, les diversités. Alors je suis formidablement optimiste, en vous retrouvant ce soir et en vous sachant au travail dans les prochains jours avec le Gouvernement. Je vous ai vu à l’œuvre, je vous ai vu faire et avancer, et je sais qu’avec vous, la République, c’est une volonté de chaque jour. Nous l’avons et nous l’aurons. Alors vive les maires de France, vive la République et vive la France», a-t-il ajouté Emmanuel Macron.
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