La 10e édition des Gay Games se referme dimanche à Paris. L’occasion de présenter des athlètes qui ont fait de la solidarité leur plus belle victoire.
Ils ne font pas la une des journaux, ne sont pas reconnus dans la rue, quand bien même ils arborent plusieurs médailles autour du cou. Là n’est pas leur destin, et ils s’en moquent bien. Depuis le 4 août, Paris accueille la 10e édition des Gay Games et plus de 10 000 athlètes.
Au bord de la piste d’athlétisme du stade Charléty, Jean-Pierre Grasland, icône française de l’athlétisme dans le monde LGBT est sollicité de toutes parts, il doit courir un peu partout pour tout surveiller. Pas facile de l’attraper au vol pour parler quelques minutes. Jean-Pierre Grasland, 55 ans, n’est pas membre du comité d’organisation des Gay Games, mais, à bien y regarder, il est une personnalité indispensable au bon déroulement des épreuves d’athlétisme.
Dans la chaleur du stade Charléty, le Français participe à ses dixièmes Jeux de la diversité. Il n’a pas loupé la moindre édition depuis 1998. Déterminé sur la piste, Jean-Pierre Grasland consacre son énergie en dehors à soutenir d’autres athlètes confrontés aux obstacles de la vie. « J’ai inscrit aux Gay Games des coureurs homosexuels sans papiers qui vivent des moments très difficiles. J’ai une responsabilité envers eux. Et cela dépasse le cadre de l’athlétisme. Je deviens une personne impliquée dans leur combat. » Une discrète émotion se lit alors sur son visage.
« Il est très rare qu’un homme de mon âge ait sa place, passé 35 ans, il est difficile de s’intégrer, concède-t-il. Durant les Gay Games, et plus globalement à chaque compétition LGBT, je peux courir un 100 m, sauter des haies puis aller lancer le poids sans que l’on me prenne pour un fou même si aux Gay Games, il s’agit d’un lancer de sac à main, ce qui est très drôle. Ce show représente un plaisir, il prouve que nous sommes humains et sociaux; un exemple qui montre que nous savons vivre ensemble dans la société. »Il n’y a pas une épreuve d’athlétisme à laquelle cet habitué des Gay Games ne s’est pas essayé dans sa carrière.
Gabriel participe aux épreuves des Gay Games. Originaire de Roumanie, Gabriel participe pour la première fois cette année aux Gay Games à Paris. Arrivé en France en 2004 il a trouvé « de la joie et de la vie », et en 2005, il rencontre Phillipe à Paris où ils vivent ensemble une vraie vie de couple. Lors de ces jeux, il a remporté une médaille d’argent pour la France, pays pour lequel il participait.
Médecin, bien intégré dans la société, il n’a pas eu peur d’être mal compris, il a même expliqué à la famille qu’il était gay. « Une fois que j’ai été accepté comme gay par la famille, ils m’ont encore montré l’amour et m’ont rendu visite en France. » Mon frère, ma mère, mon père ou des parents comprennent qu’un médecin qui a une orientation sexuelle différente, a réussi à démontrer qu’il n’est pas un malade mental, comme le considère la société roumaine.
En Roumanie une personne sur dix dans la communauté LGBT a le courage d’annoncer son orientation sexuelle. La peur et la honte de leur famille ou la discrimination et l’homophobie qu’ils apportent dans un pays considéré comme démocratique, démontre aujourd’hui que la Roumanie ne suit pas les droits de l’homme en tant que pays membre de l’Union européenne, mais s’aligne sur la corruption. L’homosexualité reste taboue en Roumanie.
En Russie, l’homosexualité était considérée comme un crime et comme une maladie mentale jusqu’en 1999. Depuis 2013, une loi punit par ailleurs d’amendes et de peines de prison tout acte de « propagande » homosexuelle auprès des mineurs. « Pour certains Russes, être gay est anormal, immoral, c’est presque une maladie ». Pourtant, Vladimir* a réussi à remporter la médaille de bronze pour la Russie, mais il craint d’être découvert par la famille depuis sa venue à Paris.
« Il ne me reste plus qu’à profiter de ces moments extrêmement merveilleux vécus ici lors des Gay Games, je ne regrette pas… je suis trés fort pour faire face à un obstacle après mon retour au pays. »
*Le prénom a été modifié.
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