GABRIEL MIHAI
L’homme politique de premier plan et figure de la CDU est décédé à l’âge de 87 ans.
Helmut Kohl est décédé « ce matin dans sa maison de Ludwigshafen », dans le sud-ouest du pays, a indiqué le Bild. Une information qui a été officialisée.
À la tête de l’Allemagne fédérale de 1982 à 1998, Helmut Kohl est l’artisan de la réunification allemande et l’un des pères fondateurs d’une Europe qu’il voulait unie et prospère.
Figure marquante de la scène politique européenne de l’après-Guerre, Helmut Kohl restera dans les mémoires comme l’homme de la réunification allemande, en 1990.
Le “géant noir”, comme on appelait le dirigeant chrétien-démocrate mesurant plus de 1,90 mètre, a été un homme de la longue durée. Il a œuvré comme chancelier pendant 16 ans, de 1982 à 1998, battant le record de 14 ans établi par son idole Konrad Adenauer (1949-1963). Il avait l’art de surmonter les (faux) problèmes en attendant qu’ils se résolvent tout seuls. C’était la technique du aussitzen (rester assis), qu’il dominait à la perfection.
Doté d’un doctorat d’histoire et de très bonnes connaissances sur le passé des pays européens, il voyait les larges horizons, fixait les grandes lignes, sans pour autant négliger la négociation au “corps à corps” avec les chefs d’État et de gouvernement étrangers.
Né en 1930 à Ludwigshafen, dans le Palatinat, d’un père fonctionnaire des finances catholique et anti-nazi, le jeune Helmut a, en 1945, effectué une marche de six mois de son camp d’entraînement bavarois à son domicile. En 1944, il avait été traumatisé par la mort de son frère aîné Walter, soldat tué à 18 ans par un chasseur allié. Toute sa vie, il a voulu œuvrer pour la paix en Europe.
Membre dès 1946 de la CDU, le jeune Kohl a fait une ascension rapide : chef du groupe CDU à la diète de Rhénanie-Palatinat à Mayence en 1966, ministre-Président du Land en 1969, président de la CDU nationale en 1973 et leader de l’opposition au Bundestag en 1976. À Mayence, il avait un style de gouvernement détendu. Bon connaisseur des hommes, il avait fait entrer dans son cabinet des jeunes au grand talent comme le futur secrétaire général de la CDU, Heiner Geissler, et Bernhard Vogel, son successeur comme ministre-Président. L’équipe tenait des beuveries dans la cave du palais de gouvernement. En Kohl se mélangeaient bonhomie et autorité du chef
Chaud partisan de l’euro, il a toujours rejeté la thèse que François Mitterrand lui aurait arraché la promesse de renoncer au mark en échange de l’unité allemande. Helmut Kohl écrit que, pour lui, Union monétaire et réunification étaient les “deux faces de la même médaille”. L’euro, il l’a voulu à tout prix. Une thèse de doctorat de Jens Peter Paul publiée en 2013 contient une interview de Kohl de 2002, dans laquelle il confesse : “Dans le cas de l’euro, j’ai été un dictateur. S’il y avait eu un référendum en Allemagne, j’aurais perdu. Il y aurait eu une majorité de 70 % contre”.
Sur le plan privé, l’ex-chancelier allemand a fait parler de lui ces dernières années en Allemagne à travers plusieurs déboires dans sa vie familiale. Dans un livre, son fils Walter dépeignait un père totalement absent qui a sacrifié sa famille à la politique. En 2001, le suicide de sa première épouse, Hannelore, avait également ému les Allemands.
Avocat passionné de l’intégration européenne, il avait fortement contribué à imposer la création de l’euro. L’actuelle chancelière, Angela Merkel, lui doit en partie son parcours en politique car c’est lui qui l’avait extraite de l’anonymat en lui demandant de rejoindre son gouvernement après la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989.
«Nous sommes en deuil», a réagi sur Twitter son parti, l’Union chrétienne démocrate (CDU).
Les hommages se multiplient
En France, les ministres notamment ont réagi sur les réseaux sociaux. A l’image de Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, sur Twitter : « »Hommage et immense respect pour le chancelier Helmut Kohl. »
Il unifia l’Allemagne tout en construisant l’Europe. Hommage et immense respect pour le chancelier Helmut Kohl.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb)
June 16, 2017
« Helmut Kohl voulait la réunification de l’Allemagne et l’unité de l’Europe. La première est acquise, la deuxième viendra, nous le croyons », a réagi sur Twitter François Bayrou, le ministre de la Justice.
Helmut Kohl voulait la réunification de l’Allemagne et l’unité de l’Europe. La première est acquise, la deuxième viendra, nous le croyons.
— François Bayrou (@bayrou)
June 16, 2017
Notre reconnaissance et notre amitié accompagnent, par delà la mort cet homme qui sut ancrer ses rêves dans le réel. #merciHelmutKohl
— François Bayrou (@bayrou)
June 16, 2017
Réaction également du ministre l’Economie, Bruno Le Maire : « Très ému par la disparition de Helmut #Kohl, père de la #réunification allemande et grand Européen. Homme de paix et ami de la France »
Très ému par la disparition de Helmut #Kohl, père de la #réunification allemande et grand Européen. Homme de paix et ami de la France ????
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire)
June 16, 2017
A droite, Jean-Pierre Raffarin a réagi : « Un homme de Paix. Souvenirs inoubliables de sa venue à La Rochelle. »
A l’étranger, l’ancien président américain George H.W. Bush a rendu vendredi un hommage appuyé à l’ex-chancelier allemand Helmut Kohl, saluant « un vrai ami de la liberté » et « l’un des plus grands leaders de l’Europe d’après-guerre ».
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré que le chancelier allemand Helmut Kohl était l' »essence même de l’Europe ».
Le Polonais Donald Tusk, le président du Conseil européen : « Je me rappellerai toujours d’Helmut Kohl. Un ami, et un homme d’Etat qui a aidé à rassembler l’Europe. »
— Jean-Claude Juncker (@JunckerEU)
June 16, 2017
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a pour sa part réagi en présentant Helmut Kohl comme « l’essence même de l’Europe ».
Helmut’s death hurts me deeply. My mentor, my friend, the very essence of Europe, he will be greatly, greatly missed https://t.co/ikJFdzK9m0
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