L’ex-mannequin Marvia Malik est devenue la première présentatrice télévisée transgenre du Pakistan, un pas en avant pour une communauté certes reconnue juridiquement mais qui reste très marginalisée dans ce pays conservateur d’Asie du sud.
La chaîne Kohenoor News vient de prendre une décision historique le samedi 23 mars, diffusé en direct pour la première fois une présentatrice transgenre de l’histoire de la télévision pakistanaise.
Elle avait déjà fait les gros titres en devenant le premier mannequin transgenre à défiler sur le podium du PFDC Sunsilk Fashion Week.
Son premier passage à l’antenne ce samedi 23 mars a affolé les réseaux sociaux. Les internautes n’ont pas hésité à féliciter Marvia Malik et la chaîne de télévision pour ce choix audacieux dans un pays où l’homosexualité est un crime.
Et cette brune aux longs cheveux, lourdement maquillée avant de retrouver son plateau télévisé, d’ajouter : « Ma famille ne m’a jamais acceptée, ni reconnue. »
À quinze ans, la famille de Marvia la renie à cause de son identité sexuelle. Pour ne pas finir à la rue comme bon nombre «d’hijras», elle travaille alors dans un salon de beauté afin de financer des études de journalisme à l’université de Punjab.
«Je veux montrer la voie à la prochaine génération de transgenres. En me voyant je veux qu’ils se disent qu’ils peuvent être acceptés et qu’il y a de l’espoir. Je veux montrer que la communauté transgenre est capable de tout, même de présenter le journal télévisé», confie-t-elle dans une interview à CNN.
Au Pakistan, les transgenres font parties de la communauté des «hijras». Traditionnellement, les «hijras» étaient des castrats convoités par les empereures de la dynastie moghole. Ce terme englobe désormais les personnes intersexes. Aujourd’hui, cette caste est affligée par une myriade de discriminations: agressions physiques et sexuelles, humiliations, assassinats, viols, explique que leur statut les oblige souvent à se prostituer, danser ou mendier pour survivre.
«Je voulais entrer dans le monde des médias pour donner de la visibilité à la communauté transgenre» , a-t-elle confié à Geo.tv.
Marvia Malik partage ce sentiment et pense qu’il faut aller encore plus loin: «Le changement commence à la maison. Il faut commencer à éduquer les parents. Il faut qu’ils arrêtent de penser que c’est une honte d’avoir des enfants transgenres».
Au début du mois, le Sénat pakistanais a voté en faveur d’une proposition de loi qui protège les personnes transgenres et leur laissent le choix de décider leur identité sexuelle/genre. En 2009, le Pakistan était le premier pays à reconnaître l’existence d’un troisième sexe – non masculin ou féminin.
Le rédacteur en chef de la petite télévision privée Kohenoor, qui emploie désormais Marvia Malik, affirme avoir été stupéfait lors de son entretien d’embauche.
« Elle nous a demandé : ‘Voudriez-vous me voir comme une mendiante, une travailleuse du sexe ou une danseuse, ou bien me donneriez-vous un travail respectable sur votre chaîne?' », a-t-il raconté à l’AFP.
« Sa question nous a laissés sans voix », ce qui a poussé Kohenoor à « établir une politique d’accueil et d’acceptation de tous sans discrimination », a-t-il poursuivi, ajoutant « ne pas se préoccuper pour l’audience ».
Une fois qu’elle sera « stable financièrement », elle souhaite créer une ONG pour lutter contre les discriminations de genre, et n’exclut pas de monter sa propre chaîne de télévision.
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