Aureur: Imad HAJJ
L’annonce par Ankara de l’arrestation de deux Palestiniens accusés d’espionnage pour le compte des Emirats arabes unis a été décrite par les experts turcs comme une « manœuvre de diversion » visant à détourner l’attention des difficultés du président Erdogan dans son pays et à exercer une pression sur les Émirats Arabe Unis qui s’opposent à l’extrémisme soutenu par le pouvoir turque dans la région.
Les autorités turques ont indiqué avoir arrêté lundi deux individus soupçonnés d’espionnage pour le compte des Émirats arabes unis. Des sources à Istanbul ont identifié les deux hommes arrêtés. De nationalité palestinienne, il s’agit de Samir Samih Shabaan et Zaki Yousef Hassan.
Des experts régionaux s’interrogent sur le calendrier de cette arrestation et soulèvent des questions sur la motivation des autorités turques à faire une telle annonce maintenant.
« Cela ressemble à un geste classique de diversion d’Ankara après tant de mois de pressions infructueuses sur l’administration américaine et l’Arabie saoudite et à la suite du revers électoral subi par Erdogan récemment », commente un expert spécialiste de la Turquie basé à Beyrouth. « Erdogan a vécu la récente défaite électorale comme un échec majeur. Et lorsqu’il souligne des menaces et des atteintes à la sécurité nationale dans son pays, il pourrait espérer consolider les considérations nationalistes qu’il veut cultiver, et pourrait donc mettre l’accent sur d’autres problèmes que sa défaite », a-t-il ajouté.
L’annonce d’Ankara intervient dans un contexte de ralentissement économique qui a contribué à des défaites surprenantes des candidats du parti AKP au pouvoir lors des élections locales du 31 mars. Les défaites des élections, dans des villes principales comme Ankara et Istanbul, ont été perçues comme un désaveu personnel du leadership du président Erdogan, qui s’était personnellement impliqué dans la campagne électorale pour les candidats de l’AKP.
Des responsables turcs ont annoncé qu’ils enquêtaient sur les deux individus depuis environ six mois, sans toutefois expliquer pourquoi ils avaient été arrêtés cette semaine.
Les autorités turques ont indiquées qu’elles enquêtaient également sur des liens possibles entre les deux suspects et le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul l’année dernière. Elles ont souligné que l’un des deux hommes était arrivé à Istanbul peu de temps après le meurtre et le second un peu plus tard.
Le président Recep Tayyip Erdoğan et de hauts responsables turcs ont tenté sans relâche d’exploiter le meurtre de Khashoggi par le biais de déclarations officielles et de fuites systématiques dans les médias, visant toutes à pousser l’administration américaine à prendre des mesures contre l’Arabie saoudite. Leurs efforts n’ont donné aucun résultat tangible, Washington ayant insisté pour maintenir de bonnes relations avec Riyad tout en soutenant la décision de l’Arabie saoudite d’arrêter et de juger les meurtriers de Khashoggi. Des responsables turcs ont accusé les autorités émiriennes d’avoir soutenu l’Arabie saoudite contre la Turquie dans l’affaire Khashoggi. Ankara et Abou Dhabi ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde sur les questions régionales, en particulier au sujet des groupes extrémistes islamistes soutenus par le régime d’Erdogan et combattus par les Emirats arabes unis.
L’Agence Anadolu, gérée par l’État, a indiqué que les suspects étaient susceptibles d’être accusés « d’espionnage politique, militaire et international ». La divulgation d’autant d’informations publiquement est un geste inhabituel des autorités turques dans les « cas d’espionnage » étrangers. Les dossiers de renseignements sont tenus secrets en Turquie comme dans tous pays, sauf lorsque le gouvernement cherche à obtenir une quelconque forme de monnaie d’échange à partir des informations communiquées.
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