Le Festival Off d’Avignon, l’un des plus grands festivals de spectacle vivant au monde, renaît cette année de façon inédite et vigoureuse, comme si le Covid l’avait atteint pour mieux le ressusciter.
Le confinement aurait-il été un terreau de réflexion existentielle?
Plus que jamais, les pièces revisitent les classiques et les thèmes historiques, afin de les réinventer, réinterprètent la poésie et les drames.
« Paul, Gershwin et moi »
Paul, pianiste renommé de jazz classique ose l’association iconoclaste avec Adèle, une chanteuse autodidacte talentueuse, joueuse de claquettes.
Elle : « Levez vous de votre fauteuil, comme vous êtes coincé! ». Lui : « Faut que ce soit parfait, on se produit samedi ». Création houleuse d’un duo anticonformiste où chacun apporte â l’autre le meilleur de sa sensibilité musicale.
« Paul, Gershwin et moi » à 13h30 à La petite Caserne (119 rue Carreterie Avignon) jusqu’au 31 juillet (relâche le lundi)
avec Mathilde Maumont et Jean Philippe Guillo
« Fallacia »
La pièce s’inspire de Feydeau dont nous connaissons les histoires, toujours drôles, légères …mais un peu bêtasses !
La femme d’aujourd’hui ayant le droit de faire fonctionner son cerveau, Rose, l’actrice Clémence Baron, également auteure de la pièce, campe une opportuniste brillante. Elle utilise à la fois son vrai et son faux amant, afin de manipuler son mari cocu … tout en protégeant ses intérêts financiers!
Mais les trois hommes sont futés, eux aussi. Chacun tient l’autre « par la barbichette ».
L’intrigue nous entraîne à la manière d’un polar de haut vol … pour mieux nous amuser de façon imprévue.
« Fallacia » de Clémence Baron à 13h30 au Sham’s (25 rue Saint-Jean le Vieux Avignon ) jusqu’au 31 juillet (relâche le lundi)
avec Clémence Baron, Colin Doucet, Brieuc Dumont, Alexis Hubert et Caroline Saule
« Tartuffe »
Molière, oui, mais pour en rire avec nos références actuelles. Quand « Tartuffe » se répand en alexandrins doucereux, la chanson « Paroles, paroles » de Dalida vient se moquer de lui.
« Tartuffe » de Molière à 14h à l’Optimist (50 rue Guillaume Puy Avignon) jusqu’au 31 juillet (relâche le mercredi)
avec Sophie Millon, Théodora Carla et Anaïs Khaizourane
« De Profundis » d’Oscar Wilde
C’est la lettre poignante que l’écrivain rédigea de sa prison à son amant dont le père l’avait fait embastiller.
Un seul-en-scène vibrant de souffrance, d’amour et de pardon nous est livré avec une intensité remarquable.
Un jeu magnifique qui n’est pas sans lien, nous dit l’acteur Josselin Girard, avec son isolement dans un studio de 30m2 durant la pandémie.
« De Profundis » à 11h à l’Albatros (29, rue des Teinturiers Avignon) jusqu’au 31 juillet (relâche le mercredi)
avec Josselin Girard
Le Festival Off d’Avignon est un formidable laboratoire d’incubation de la création de l’année.
Durant tout ce mois d’été, en fonction des réactions du public, les pièces vont s’affiner pour mieux pétiller, à la manière des grands crus de champagne que l’on vient tourner chaque jour.
Il arrive qu’il y ait de petites longueurs ou imperfections, l’occasion d’en discuter avec les artistes, leurs producteurs et attachés de presse, attablés autour d’un verre, à l’ombre des platanes d’une petite place de la ville.
Plaisir pour le spectateur de contribuer modestement à une gestation collective qui verra le jour à l’automne.
Le public, moins nombreux cette année, est différent.
Les intellos habituels ne tiennent plus le haut du pavé. Ils ont déserté, craignant la contamination.
Un public bon enfant, plus authentique s’est substitué, amateur de spectacles et de vacances détendues.
Il se rue sans effort sur les locations, les salles n’étant pas toujours remplies, puis s’éparpille dans les rues et placettes peu encombrées où l’on trouve – ô miracle ! – de quoi déjeuner relax, tranquillement assis, à l’ombre.
C’est entre véritables privilégiés que le festival d’Avignon se joue cette année.
Malgré une fréquentation légèrement en baisse, tout se conjugue donc cette pour nous faire profiter d’une créativité exceptionnelle dans un extraordinaire foisonnement d’offres culturelles – environ 1070 pièces cette année.
Bon Festival d’Avignon 2021.
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