GABRIEL MIHAI
Les deux finalistes de la primaire socialiste de dimanche, Manuel Valls et Benoît Hamon, ont exposé posément mercredi soir lors d’un débat télévisé leurs profondes divergences, autour du travail ou de la laïcité, à trois mois d’une présidentielle dominée par la droite et l’extrême droite.
Selon les sondages, le vainqueur, quel qu’il soit dimanche à l’issue du second tour, arriverait en queue de peloton au premier tour de l’élection présidentielle, loin derrière la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen et le conservateur François Fillon, mais aussi derrière l’ex-ministre de gauche repositionné au centre Emmanuel Macron et le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.
Pour la primaire, l’ancien Premier ministre Manuel Valls, qui incarne l’aile droite du PS, part avec un net désavantage face à son ancien ministre de l’Education: cet outsider issu de l’aile gauche du parti, très critique sur sa politique libérale, l’a devancé de cinq points (36% contre 31% des voix) au premier tour de la primaire dimanche dernier. Son avance est confortée par des ralliements.
Entre les deux prétendants le débat a été courtois et technique mercredi soir alors que le ton n’avait cessé de monter ces derniers jours, aggravant la fracture au sein d’un parti qui sort affaibli du mandat de l’impopulaire François Hollande, avec un chômage endémique et un durcissement sécuritaire après une vague d’attentats sans précédent. Les deux hommes, qui se tutoyaient, se sont parlé avec respect, sans attaques personnelles. «Un débat pointu, pas un pugilat», a commenté l’éditorialiste Michaël Darmon.
M. Hamon, 49 ans, devenu favori, a assuré qu’il souhaitait proposer aux Français un « futur désirable » et qu’il fallait que la gauche tourne le dos à l’ordre ancien, à ces solutions qui ne marchaient pas hier et qui ne marcheront pas demain.
M. Valls, 54 ans, qui avait déjà appelé les électeurs à choisir « la défaite assurée » s’ils désignent son concurrent et la victoire possible avec lui, a demandé à « ne pas créer d’illusion ». Il ne s’agit pas seulement de faire rêver, il faut être crédible.
Hamon a marqué des points sur les questions économiques, il s’est retrouvé sur la défensive sur les questions liées à l’islam et à la laïcité.
« La laïcité est utilisée comme un glaive contre nos compatriotes musulmans », a-t-il jugé, estimant que « là où une femme décide librement de porter le foulard islamique (…), elle est libre de le faire et moi je veux lui assurer cette liberté ».
« La laïcité n’est pas un glaive mais un bouclier (…), c’est une conviction », a répondu Manuel Valls, pour lequel « il ne peut y avoir le moindre accommodement » avec l’islamisme radical. Leurs différences de vue, qui reflètent deux gauches, l’une « hyperréaliste », l’autre « utopiste » selon la presse, rendent très aléatoire un rassemblement de leurs partisans à l’issue de la primaire, même si les deux candidats se sont engagés à soutenir le vainqueur du scrutin.
Dimanche 29 janvier prochain, ce sont bien deux gauches qui s’affronteront. Benoît Hamon, arrivé en première position au premier tour avec 36% a l’avantage.
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