La 36ème édition des Journées Européennes du Patrimoine s’est tenue les 21 et 22 septembre.pour faire découvrir au public des lieux inconnus ou inattendus et chargés d’histoire.
« Le patrimoine est notre fierté, il est nos racines, il est le témoin du génie bâtisseur qui depuis des siècles s’exprime dans notre pays » a déclaré le ministre de la Culture, Franck Riesler dans son éditorial concernant l’événement qui se tient lors du 60ème anniversaire du ministère de la Culture.
Comme chaque année, le thème a été fixé par le Conseil de l’Europe et la Commission Européenne. La plupart des 50 pays signataires de la Convention culturelle européenne a repris cette thématique, « Arts et Divertissements » qui s’accordait avec les différents patrimoines: spectacles, fêtes, jeux et jouets ainsi que le sport… Ce fut donc l’occasion d’entrer dans les secrets des plus beaux monuments, bâtiments civils, religieux, militaires, sportifs ou lieux de pouvoir comme des théâtres antiques, des lieux de spectacle et de divertissement tels les fêtes foraines., les hippodromes ou des stades…
Dans la capitale, des lieux se sont ouverts aux visiteurs pour la première fois comme « La Scala » (75010), Le Cirque Bormann-Moreno (75015), Le théâtre Mogador (75009) ou celui du Châtelet (75001) qui vient d’être rénové. Les grandes institutions restent les endroits les plus visités à commencer par le Palais de l’Elysée, les ministères, la Cour des Comptes ou la Banque de France (Certains endroits nécessitaient une inscription préalable).
La santé et le numérique étaient aussi inscrits au programme avec l’Institut des maladies génétiques « Imagine » et ses ateliers d’extraction d’ADN, (75015) ou encore l’Institut National de Recherches en Sciences du Numérique (INRIA) situé à quelques kilomètres de la capitale à Rocquencourt (78).
Le milieu très glamour de la mode a aussi ouvert ses portes à l’instar des maisons Chloé, Yves-St-Laurent. A Deauville, les JEP ont permis d’aller sur les traces de Coco Chanel, Yves-St-Laurent ou Patou. De retour à Paris, une pépite de cette édition, le siège social de Kéring (Fondation Pinault) et Balanciaga a dévoilé dans la chapelle du XVIIème siècle, une collection d’oeuvres d’art contemporain de la Collection Pinault et dans les jardins, des « toiles » (modèles préliminaires en tissu préfigurant les robes de Haute Couture) de Balanciaga.
Situé 40 rue de Sèvres (75007), le siège social de Kering , groupe de luxe mondial incluant Gucci, St Laurent, Bottega Vaneta, Balanciaga, Alexander McQueen, Boucheron et Pomellato, Brioni, Dodo, Qeelin, Ulysse Nardin, Girard-Perregaux et Kering Eyewe se trouve dans l’ancien hôpital Laennec. Ouvert au public pendant les journées du Patrimoine depuis 2016, il offre aux visiteurs la possibilité de découvrir des archives rares et le secret de l’élégance des lignes des créations de la Maison Balanciaga.
Lors de ce week-end exceptionnel, des oeuvres d’art contemporain issues de la Collection Pinault et de l’exposition « Pleurs de Joie » avec les artistes Damien Hirst pour le dessin animé, Sigmar Polke pour le cirque, Martial Raysse pour la fête populaire et Claire Tabouret pour le carnaval, étaient exposées.
Durant ces 2 jours, le trophée de la Coupe de France de Football, remporté cette année par le Stade Rennais dont le propriétaire n’est autre que la famille Pinault, était exceptionnellement exposé.au siège du groupe Kering (anciennement PPR) fondé en 1963 autour du bois et des matériaux de construction puis dans le secteur de la distribution dans les années 1990 et le luxe , le sport et la « lifestyle » à partir de 2000.
Le trophée a été créé en 1916 à la demande de Paul Michaux, président de la Fédération des patronages (FGSPF) en mémoire à Charles Simon, fondateur du Comité Français International qui deviendra la FFF, tombé au champ d’honneur; Réalisé par l’orfèvre Chobillon avec 3,150 kg d’argent massif et posé sur un socle marbré des Pyrénées de 15 kg, sa valeur était de 2000 francs de l’époque. Il es remis chaque année à l’issue de la finale de la Coupe de France.
Les toiles et sculptures exposées dans la chapelle font, partie de l’exposition « Pleurs de joie« , elles se rapprochent bien du thème de divertissement tout en y incorporant les idées de Blaise Pascal.
-Les sculptures en bronze de Damien Hirst , artiste britannique né à Bristol en 1965, membre fondateur du groupe des « Young British Artists » fin des années 1980, et lauréat du « Turner Prize » en 1995 étaient représentées. Pendant les Journées Européennes du Patrimoine, 2 d’entre elles, « Mickey » (2016) et « The colllector with a Friend « (2016), toutes 2 issues du projet « Treasures from the Wreck of the Unbelievable », qui a demandé 10 ans de travail étaient exposées.
-Dès l’entrée dans la chapelle, les oeuvres de Sigmar Polke, artiste allemand né en Silésie (Pologne) en 1941 et décédé à Cologne en 2010, nous introduisent dans le thème du divertissement et du cirque. Fondateur du « Réalisme capitaliste » en référence au « Réalisme socialiste », (art officiel de l’Union soviétique), il utilise des tissus imprimés comme support et expérimente de nouvelles techniques mêlant, les pigments, les composés chimiques et les solvants tout en réemployant des couleurs délaissées telles le pourpre et le lapis-lazuli. Les toiles du lauréat du »Lion d’or »à la Biennale de Venise en 1986, « Zirkusfiguren « (2005) et « Die Trennung des Mondes von den einzelnen Planeten » (2005), intégré au cycle « )Axial Age » (2007) se font face comme dans un miroir.
-Un des précurseurs du Pop américain, Martial Raysse dévoile une de ses créations mêlant stéréotypes publicitaires et histoire de l’art: « Noon Mediterranean Landscape »(1966). L’auteur de cette oeuvre, né à Golfe-Juan en 1936, vit en Dordogne et a développé ses talents en tant qu’autodidacte . il marie la peinture et l’assemblage associant photographie, collage et objets ordinaires.
–Claire Tabouret est la dernière artiste mise en lumière dans cette exposition. Née en France en 1981, Virtuose dans son domaine, elle vit à Los Angeles où elle réalise ses toiles peintes à l’acrylique, on pouvait donc admirer « Les Insoumis » (2013) représentant 38 adolescents au regard envoûtant en tenue de Carnaval ainsi que « Les Veilleurs (2014) armés de bâtons lumineux pour surveiller avant l’assaut.
Près de la moitié de l’ancien hôpital Laennec est composée de jardins; historiquement, le site en comportait 14 000m² dont 3 500 m² de potager, ils étaient entretenus par les malades de « l’Hospice des Incurables » et ont été recréés d’après des dessins anciens. On y trouve des espèces végétales qui avaient cours en Europe du XVIIè et du XVIIIè siècle, des arbres fruitiers et des plantes vivaces. Ce lieu idyllique était donc idéal pour accueillir l ‘exposition Balanciaga réunissant les « toiles » en coton brut mises en volumes sur des mannequins et sorties tout droit des archives de la grande maison de couture du créateur Cristobal Balanciaga qui développa sa vision de la couture dans la façon de développer son art à travers le corps, le vêtement, la coupe et les matières qu’il utilisait dont la plus iconique était le gazar , un tissu de soie tissé simple mais fabriqué avec des fils à double torsion tissés, aussi raide que l’aluminium, permettant ainsi de marquer les volume,
Pour les besoins de l’événement, 18 demi-toiles étaient présentées dans les jardins comme des statues. Pour créer un vêtement, tout commence par un croquis qui se transforme en toile qui en sera la base. Cristobal Balanciaga était le seul à faire lui-même ses toiles. Coco Chanel disait de lui « qu’il était le seul vrai couturier de son temps puisqu’il savait dessiner, couper, monter sur toile, assembler et coudre les vêtements qu’il signait ».
Les toiles sont généralement réalisées en coton écru coupé dans de la percale fine et sèche, du serge apprêté plus épais ou de la tarlatane, en fonction du tissu dans lequel sera réalisé le modèle. Des annotations de Balanciaga sont inscrites dessus portant sur le sens du tissu (plein biais ou droit fil), des lignes et bâtis sont des repères, des points dans différentes couleurs indiquent les ajustements à réaliser selon la morphologie de la cliente dont le nom est inscrit sur la toile.
Quelques mot sur Critobal Balanciaga (1895-1972) qui créa la Maison Balanciaga à San Sébastien en 1917. Il s’installe à Paris en 1937 après avoir fui la guerre civile espagnole. Précurseur, il crée un style avant -gardiste et épuré en utilisant des matières nouvelles et devient le couturier de stars comme Grace Kelly, Ava Gardner ou Marlène Diétrich… La nouvelle directrice artistique depuis 2015, Demna Gvasalia perpétue sa vision ..
La visite se termine .par une expérience virtuelle en collaboration avec la start-up française Timecope., proposant un voyage dans le temps autour de la chapelle et de l’ancien hôpital dont la vocation était d’accueillir les malades trop gravement atteints ou trop pauvres pour être reçus ailleurs, les conditions étant d’être catholique et de faire don de tous ses biens à l’hospice; la vie quotidienne y était monacale.
Depuis sa fondation en 1634, l’Hospice des Incurable a fermé plusieurs fois dont la première en 1869.. Rouvert l’année suivante, il devient un hôpital en 1874 et prend le nom de Laennec, inventeur du stéthoscope en 1879 bien qu’il n’y ait jamais pratiqué..Mis en vente dans les années 1990 pour financer la construction de l’hôpital Georges Pompidou. Un vaste chantier de rénovation débute en 2010, où les anciens bâtiments médicaux sont rénovés pour accueillir le siège de Kering et la Maison Balanciaga, les parties historiques sont réhabilitées.
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