Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 2000, son actuel mandat se termine en 2024. Après le référendum constitutionnel, été 2020, le Parlement a adopté en mars une loi lui permettant de se représenter pour 2 nouveaux mandats présidentiels consécutifs.
En Russie, la législation prévoyait au plus 2 mandats consécutifs avant la signature promulgué la semaine dernière. Toutefois cette restriction ne s’applique pas aux présidents en vigueur avant les amendements à la constitution. Grâce à cette loi, Vladimir Poutine pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2036.
Les mandats précédents
En 2008, après 2 mandats, Vladimir Poutine a cédé sa place de président à Dmitri Medvedev pour un mandat . Durant ces 4 ans, il était premier ministre. Cet ancien officier du KGB (service de renseignement de l’URSS) a commencé sa carrière politique en tant que maire de St Pétersbourg. Il fut ensuite l’un des plus proches conseillers du président Boris Eltsine puis le chef de son gouvernement en 1999. En mai 2000, il est élu président dès le premier tour. Il se lance alors dans une politique de réformes pour redorer l’économie du pays qui a perdu de l’influence dans le monde. Réélu en 2004, il ne peut se représenter une 3ème fois en 2008. Contesté lors des législatives de 2011, il se représente en 2012 et obtient la victoire au premier tour.
Les 2 derniers mandats
En 2012, il redevient président pour un mandat prolongé de 4 à 6 ans, selon l’amendement adopté en 2008. Durant cette période , il s’implique sur le plan international. Il envoie des soldats en Syrie pour soutenir les forces de Bachar-el-Assad dans la guerre civile. Par ailleurs, suite à un référendum contesté, il rattache la péninsule de la Crimée dans le cadre de la guerre du Donbass.
Le second mandat débute en 2018 par une victoire au premier tour. En 2020, le référendum permet l’adoption de la réforme constitutionnelle lui permet de briguer 2 mandats consécutifs supplémentaires. S’il remporte les élections, il restera au pouvoir jusqu’en 2036.
La révision constitutionnelle votée de 2020 introduit dans la Constitution des principes conservateurs: foi en Dieu, mariage réservé aux hétérosexuels, enseignement patriotique, ainsi qu’une immunité à vie garantie aux présidents russes.
Les conflits
Les guerres de Tchéchénie (1994-1996 et 1999-2009)
Plusieurs conflits ont eu lieu durant les différents mandats de Vladimir Poutine parmi lesquels on trouve les guerres de Tchétchénie.
La première guerre de Tchétchénie entre les Forces armées de la fédération de Russie et les séparatistes de la Tchétchénie (Caucase du nord) s’est déroula de 1994 à 1996. Elle se termine par un échec et le retrait des troupes russes.
La seconde guerre de Tchéchénie commença en septembre 1999 par des attentats terroristes tchéchènes du Kavkaz. On déplora plusieurs centaines de victimes à Moscou et dans d’autres villes de Russie. L’opinion russe était hostile à la première guerre de Tchétchénie, elle réclama de nouvelles opérations militaires pour en finir avec les indépendantistes tchétchènes. Le 1er octobre, « l’opération antiterroriste« (2ème guerre de Tchéchénie) commence, pour restaurer l’ordre constitutionnel fédéral.
Une tentative électorale tente de maintenir la Tchétchénie dans la Fédération. La capitale, Grozny, tombe aux mains de la Russie en 2000, mais des affrontements importants ont eu lieu jusqu’en 2009, date de la fin de cette seconde guerre. Après 10 ans de combats et une rébellion tchéchène affaiblie, les autorités russes ont décidé de mettre fin au statut de « zone d’opération antiterroriste » pour la Tchétchénie. Entre 100 000 et 300 000 civils sont tombés.
Depuis 2007, Ramzan Kadyrov dirige le pays. Vladimir Poutine avait lui-même placé cet homme indissociable du régime russe.
La guerre du Donbass (2014- …. )
Elle commence en 2014 dans l’est de l’Ukraine. A cette époque, la Crimée et Sébastopol ( territoires ukrainiens depuis 1954) font sécession et rejoignent la fédération de Russie suite au référendum de 2014 (non reconnu par la majorité de la communauté internationale). Les territoires sécessionistes s’autoproclament République populaire de Donetsk (DNR) et République populaire de Lougansk (LNR).
Le 6 juin 2014, le premier « Format Normandie » s’est tenue lors de la célébration du Débarquement de Normandie à Ouistreham. Cette réunion semi-officielle quadripartite rassemblait la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine, pendant la guerre du Donbass. Elle fut le point de départ d’une négociation diplomatique pour trouver une solution pacifique au conflit en Ukraine.
Les représentants de l’Ukraine, de la Russie, de la République populaire de Donetsk (DNR) et de la République populaire de Lougansk (LNR) signent le protocole de Minsk le 5 septembre 2014 pour mettre fin à la guerre en Ukraine orientale. Ni cet accord, ni le cessez-le-feu est signé en février 2015 ne sont appliqués. La crise ukrainienne reste dans l’impasse et une nouvelle réunion Format Normandie se tient en octobre 2015 à Paris. Il est toujours question de la crise du Donbass mais aussi de celle en Syrie. Trouver une solution est encore le principal sujet du « Format Normandie d’octobre 2016 à Berlin.
Le 11 juin 2018, une nouvelle réunion ministérielle au format Normandie a eu lieu à Berlin pour conditioner les sanctions visant la Russie. La France et l’Allemagne ont demandé des avancées sur le plan sécuritaire, politique, humanitaire et économique. Il fallait stopper les centaines de violations du cessez-le-feu chaque jour, des dizaines de morts chaque mois, l’usage d’armes lourdes et une situation humanitaire dégradée pour les populations vivant dans la zone de conflit.
Les progrès retenus
On observait des progrès depuis quelques mois dont le retrait des troupes dans 3 secteurs. La Russie a rendu à l’Ukraine 3 navires militaires saisis un an plus tôt au large de la Crimée. Début septembre 2019, les deux pays ont procédé à un important échange de prisonniers, parmi lesquels la figure très symbolique du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov.
Un an après le sommet de Paris, les accords n’ont été que partiellement respectés. La préservation du cessez-le-feu en vigueur depuis juillet 2020 est préservé.
Les derniers rebondissements
En février 2021, c’est la première fois depuis le début de l’année que deux soldats de Kiev sont tués dans la même journée. Kiev accuse les séparatistes et la Russie (considérée comme leur parrain politique et militaire) de saper la trêve entrée en vigueur en juillet 2020. Lors d’une visioconférence, le conseil de sécurité de l’ONU appelle la Russie à retirer ses forces d’Ukraine et cesser de soutenir les séparatistes. Depuis le début du mois, 5 soldats ukrainiens tués.
Le président du Conseil européen Charles Michel était pour la première fois au Donbass, sur la ligne de front le 1er mars. L’Union européenne a appelé toutes les parties à « intensifier leurs efforts pour désamorcer la situation et se réunir pour trouver un terrain d’entente ».
Le 18 mars, les ministres des Affaires étrangères du G7 et le Haut représentant de l’Union européenne, ont condamné unanimement la poursuite des actions de la Russie visant à compromettre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine. Ils ont réaffirmé leur soutien et attachement à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. « La Russie est partie prenante au conflit en Ukraine orientale, et non médiatrice dans ce conflit. Il est important de respecter le cessez-le-feu, facteur fondamental de tout progrès sur la voie d’un règlement pacifique du conflit », ont-ils déclaré.
Les échanges du président ukrainien
Depuis début avril, on assiste un regain de tension entre l’Ukraine et la Russie. Les 2 parties se renvoient la responsabilité de la menace. Les préparatifs militaires de la Russie pourraient se transformer en offensive dans le Donbass. Pour bloquer Moscou, Zelensky aimerait faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN, une assurance-vie contre la Russie. Le président ukrainien échange avec le secrétaire d’état de l’OTAN, le président Joe Biden et Boris Johnson. Il a aussi rencontré Emmanuel Macron le 16 avril à Paris, sans résultats concrets. Une visioconférence avec Angela Merkel, a suivi. La réunion tripartite a proposé le retrait des troupes russes à la frontière uktainienne.
Soutien militaire au régime syrien (2015- encore à ce jour)
L’intervention militaire de la Russie en Syrie a lieu durant la guerre civile syrienne et voit le déploiement à partir du 30 septembre 2015 de forces de l’armée russe en soutien à l’armée syrienne. Des manifestations anti-régime, en faveur de la démocratie, dans le contexte du Printemps arabe, ont débuté la guerre civile syrienne. Aujourd’hui, le régime avec l’appui de la Russie et de l’Iran a repris une grande partie du territoire. A l’est du pays, il y a encore des forces américaines, russes, et aussi des milices pour mener des opérations contre le groupe islamiste. La Turquie est l’autre pays impliqué, en froid avec la Russie, elle pourrait s’opposer à elle en Lybie, en Syrie et même dans le Caucase.
Soutien dans le second conflit du Haut Karakagh (septembre-novembre 2020)
La guerre du Haut-Karabakh a opposé l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les Soviétiques avaient rattaché cette enclave à majorité arménienne à l’Azerbaïdjan en 1921. Un premier conflit a débuté en 1988 avec des heurts réguliers entre Arméniens et Azéris. En 1991, le Haut Karabagh déclare son indépendance (état non reconnu par la communauté internationale). Un premier cessez-le-feu est signé en 1994.
L’opération « Poing d’acier » ou « seconde guerre du Haut Karabagh » débute en septembre 2020 après des tensions régulières entre le Haut Karabagh (Artsakh) et l’Azerbaïdjan. L’Arménie soutient Artsakh et la Turquie, l’Azerbaïdjian. Un cessez-le-feu et une reprise de négociations intervient 13 jours plus tard suite à une médiation russe. Une semaine plus tard, le groupe de Minsk, créé en 1992 par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, propose un second cessez-le-feu sans succès. Il en sera de même pour la proposition humanitaire des Etats-Unis, en fin octobre.
Le 9 novembre 2020, après la prise de Choucha par l’Azerbaïdjian, l’Arménie signe un accord de fin des hostilités sous l’égide de la Russie. Cet accord prévoit aussi le déploiement de forces de paix russes dans la région pour 5 ans renouvelables et la création d’un centre d’observation russo-turc afin de contrôler le cessez-le-feu.
L’opposition
Alexeï Navlany est un des principaux opposant du Kremlin. Il était membre du Conseil de coordination de l’opposition russe. Chef du parti Russie du futur, il était aussi le fondateur de la Fondation anti-corruption (FBK). Ennemi juré de Vladimir Poutine, cet ancien avocat a connu les arrestations, emprisonnements, intimidations, attaques en justice pour diffamation…Selon son entourage, il a été empoisonné en août 2020 en Sibérie. On l’hospitalise d’abord à Omsk. La communauté internationale intervient et une ONG allemande demande son transfert en Allemagne. Arrivé sur place dans le coma, la thèse de l’empoisonnement est confirmée.
Une fois guéri, Poutine lui assure qu’il pourra rentré libre en Russie, mais il est interpellé dès son arrivée. Incarcéré, il avait qualifié le référendum « d’énorme mensonge » . L’ONG Golos a dénoncé une atteinte sans précédent à la souveraineté du peuple russe. Il appelle les Russes à descendre dans la rue, 2000 personnes sont interpelées.
Fin mars, l’opposant déclare une grève de la faim pour demander l’application de la loi. Il veut qu’on laisse un médecin venir le voir. A ce jour, Alexeï Navalny est « en grave danger » et doit être évacué à l’étranger, selon des experts de l’ONU. Des milliers de manifestants ont défilé mercredi 21 au soir à Moscou et Saint-Pétersbourg. Ils soutenaient l’opposant malgré un important dispositif policier.
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