GABRIEL MIHAI
Après l’attentat de Berlin, un débat s’est engagé sur les mesures de sécurité.
Une intense chasse à l’homme a lieu dans la capitale après la découverte dans le camion d’un document remis à un migrant.
Survenu lundi soir dans un lieu très touristique de Berlin, cet attentat a fait, selon le dernier bilan, douze morts et 48 blessés. Il a été revendiqué mardi soir par le groupe djihadiste Etat islamique.
Les enquêteurs s’activent tous azimuts pour tenter de retrouver l’assaillant qui au volant d’un semi-remorque a foncé sur les petits chalets en bois d’un marché de Noël, semant la terreur.
Un homme longtemps présenté comme suspect par les autorités, un demandeur d’asile pakistanais interpellé peu après les faits, a été relâché mardi soir et mis hors de cause.
Cela signifie «qu’une ou plusieurs personnes» responsables de l’attentat «sont en fuite (…) avec une arme», sans doute celle qui a servi à tuer le chauffeur routier polonais en titre du camion ayant servi à l’attentat, selon le chef de la police, Klaus Kandt.
Se voulant lui aussi rassurant face à une population inquiète, le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a également affirmé que la police n’avait pas les «mains vides» dans cette enquête.
La police a indiqué examiner plus de 500 indices, parmi lesquels des traces ADN retrouvées dans le camion, des images de vidéo-surveillance et des témoignages divers.
Les autorités se défendent en affirmant, comme le chef de la police judiciaire allemande (BKA) Holger Münch, qu’une sécurité totale n’existe pas. «Il y aura toujours un risque», a-t-il prévenu. «Si nous sécurisons tout, contrôlons toutes les entrées des espaces publics, cela ne correspondra plus à la culture d’ouverture qui est la nôtre», a aussi jugé mercredi le maire de Berlin, Michael Müller.
La police allemande est à la recherche d’un Tunisien après la découverte de papiers d’identité sous le siège du chauffeur du poids lourd qui a foncé dans la foule lundi soir sur un marché de Noël à Berlin, rapporte mercredi le journal Der Spiegel sur son site internet. Agé de 21 ou 23 ans, l’homme serait connu sous trois identités différentes.
Deux suspects ont déjà été arrêtés dans cette affaire avant d’être relâchés: l’un, un Pakistanais a été arrêté lundi soir, peu après le drame avant d’être relâché mardi et l’autre, interpellé aux premières heures de mercredi, a été remis en liberté dans la matinée, rapporte la presse allemande.
La Tunisie est l’un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements djihadistes. Quelque 5500 Tunisiens sont partis ainsi combattre en Syrie, en Irak ou en Libye.
C’était aussi un ressortissant tunisien qui avait précipité un camion dans la foule à Nice le 14 juillet dernier, faisant 86 morts. Là aussi l’attentat avait été revendiqué par le groupe EI.
Der Spiegel, qui ne cite pas ses sources, précise que le titre de séjour découvert est au nom d’Anis A., né à Tataouine en 1992. Il aurait été remis à un migrant dont la demande d’asile a été rejetée sans pour autant qu’il puisse être expulsé.
« Cet attentat aurait pu être évité si la place avait été protégée par des blocs de béton », critique Joachim Krause, directeur de l’institut pour les politiques de sécurité de l’Université de Kiel, après l’attaque au camion-bélier qui a fait lundi 12 morts sur un marché de Noël très fréquenté lundi soir.
« Il faudrait systématiquement sécuriser ce type de places» comme en Israël, «mais en Allemagne cet aspect a été négligé », ajoute-t-il dans le quotidien Handelsblatt. Les marchés de Noël de Hambourg, Stuttgart et Dresde ont toutefois installé des bornes de béton depuis lundi soir.
L’attaque a été très vite qualifiée de «terroriste» par la chancelière Angela Merkel. De son côté, le parquet anti-terroriste a jugé que la cible et le mode opératoire semblaient signer un acte djihadiste : les circonstances rappellent en effet l’attaque, portant la marque du groupe EI, au camion-bélier le 14 juillet à Nice en France (86 morts).
Les mesures de sécurité ont été renforcées à Berlin et un débat s’est engagé dans le pays sur la nécessité de protéger les places publiques par des bornes en béton ou d’autoriser l’armée à patrouiller comme cela se fait dans d’autres pays.
Six morts sont allemands, selon la police. Les identifications des autres victimes se poursuivent. Sur les 48 blessés, 14 étaient mardi soir entre la vie et la mort, selon le ministère de l’Intérieur.
Parallèlement, la pression politique s’est encore accrue sur Angela Merkel, qui concentre depuis des mois les critiques pour sa politique migratoire jugée trop généreuse.
Les populistes de droite ont renouvelé leur offensive contre la chancelière, l’accusant, à moins d’un an des législatives, d’avoir mis le pays en danger avec sa politique d’accueil généreuse des réfugiés. Ils ont prévu de manifester en fin de journée devant la chancellerie allemande.
«Ce sont les morts de Merkel !» a tonné Marcus Pretzell, l’un des responsables du parti de droite populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Le carnage s’est déroulé au pied de l’église du Souvenir, l’un des symboles de la capitale allemande.
Le vice-président d’un syndicat de policiers (DPoIG), Ernst Walter, a appelé à renforcer nettement la vidéo-surveillance et à cesser de «diaboliser» cette technologie, dans un pays qui traditionnellement après deux dictatures au 20ème siècle, celle des nazis puis en RDA celle du régime communiste, se méfie beaucoup plus que les autres de toutes les méthodes de surveillance.
«Si les responsables politiques continuent à se cacher derrière la protection des données personnelles et la promotion de la liberté individuelle, en compliquant du coup le travail de la police, nous continuerons à avoir des problèmes pour enquêter sur les attentats à l’avenir», a estimé M. Walter sur la chaîne de télévision ARD.
Pour autant le débat est engagé en Allemagne. L’aile bavaroise (CSU) du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel a relancé une campagne qu’elle a initiée il y a quelques mois lors des premiers attentats revendiqués par l’organisation EI en Allemagne. Elle vise à autoriser l’armée allemande à effectuer des tâches de sécurité publique.
«La Bundeswehr devrait pouvoir apporter sa contribution à la sécurité des citoyens là où elle peut le faire de par son équipement ou son entraînement» et aider par ce biais la police, a demandé mercredi un membre de CSU, Florian Hahn, dans le groupe de presse régional Madsack.
Si des patrouilles de soldats, armes en bandoulière, sont monnaie courante dans des pays européens frappés par les attentats islamistes, tels que la France ou la Belgique, elles constituent encore un tabou en Allemagne, qui après la période nazie à dessein, strictement limité dans sa Constitution les possibilités d’intervention de son armée.
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