Un combat pour l’honneur
1er décembre 1944. L’armée française écrit dans son livre une page noire de son histoire. Celle de son massacre à Thiaroye de tirailleurs Sénégalais. Comment pourrait-elle s’en targuer ? Au nom de la Mère Patrie, ces soldats ont été sacrifiés, alors qu’ils se sont battus pour elle et que leur action a été déterminante dans la guerre contre le nazisme et ses alliés.
Parce que complétement occultée de tous les manuels scolaires, c’est cette période que Stomy Bugsy (de son vrai nom Gilles Duarte) et David Desclos, ont voulu remettre dans la lumière. Comme un devoir de mémoire, ils réhabilitent le temps d’un spectacle ces oubliés de la seconde Guerre Mondiale qui ont combattu pour la France et dont certains sont mort dans le silence, pourtant en héros.
Djili Amacombi (Stomy Bugsy) est un jeune tirailleur Sénégalais de l’armée coloniale. Alors qu’il est demandé à chacun de rendre son uniforme pour habiller des soldats français, lui s’y refuse. Il a combattu. Tout comme ses frères d’arme, son dévouement a contribué à la victoire. Son acte doit être reconnu et des arriérés de solde ainsi qu’une prime de démobilisation doivent lui être versés. Il les veut. En retour, il est confronté à la désillusion de promesses non tenues par l’armée française et l’administration ainsi qu’à des humiliations du fait de sa couleur de peau. Son insistance à réclamer son dû le mènera droit en prison à Fresnes. Témoin de l’enrôlement forcé de ces troupes coloniales et de leur massacre, il crie à l’injustice, exprime sa révolte et sa colère à ses deux voisins de cellule, le soldat français Marcel Brovant dit la mitraillette, (David Desclos) et le soldat américain déserteur Igor Ladzig (Cyril Guelle).
S’habituer à la routine du monde carcéral ? Attendre son jugement et la sentence qui en découlera ? Pour Djili, jamais ! Il veut revoir la Guinée, le pays de ses ancêtres, sa famille, retrouver sa vie. L’évasion est donc sa seule issue. « C’est nous les Africains qui revenons de loin. Nous venons des colonies pour sauver le pays. Nous avons tout quitté, nos parents, nos amis et nous gardons au cœur une invincible ardeur, car nous voulons porter haut et fier, ce beau drapeau de notre France entière. Et si quelqu’un venait à y toucher, nous serions là pour mourir à ses pieds, Battez tambours. A nos amours. »
Visuels : (C) DR/ Service de presse et DV
« Un jour j’irai à Détroit », une pièce universelle inspirée de faits historiques scandaleusement enterrés, coécrite par Stomy Bugsy et David Desclos, dans une mise en scène sobre, épurée et très efficace de Dominique Coube. Un cours d’histoire sur un sujet tragique qui révolte et indigne, relaté par une justesse d’interprétation tant touchante que poignante, emplie d’émotion, par un trio de comédiens investis, dans lequel on retrouve un Stomy Bugsy bluffant et convainquant aux cotés de répliques menées magnifiquement par David Desclos et Cyril Guelle – Une justice sur l’histoire pour honorer la mémoire de ces soldats tombés pour la France et pour qu’ils ne soient plus ignorés. Les mardis et mercredis jusqu’au 29 avril à 21h00 au Théâtre du Gymnase Marie Bell (Paris 10ème) – theatredugymnase.paris – Réservations : 01 42 46 79 79
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