L’ex-président brésilien (2003-2010), favori de l’élection depuis plusieurs mois, en est sorti vainqueur, malgré un scrutin ultra-serré face à son opposant conservateur Jair Bolsonaro.
Le dirigeant de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a été élu dimanche pour un troisième mandat à la tête du Brésil, distançant d’une très courte tête le président sortant Jair Bolsonaro qui cinq heures après l’annonce officielle des résultats n’avait toujours pas reconnu la victoire de son rival honni.
Le président élu a obtenu 50,90% voix contre 49,10% pour Bolsonaro, soit un peu plus de deux millions de voix d’avance sur 156 millions d’électeurs. Il s’agit de l’élection la plus serrée de l’histoire du Brésil depuis le retour de la démocratie en 1985, après vingt-et-un ans de dictature militaire, illustrant l’implantation du bolsonarisme, appelé à survivre à la défaite de son chef.
La réélection de Lula à la tête du Brésil est accueillie avec soulagement par les expatriés en France, qui ont voté à 82 % pour lui. À Metz, la diaspora et ses sympathisants se sont réunis au domicile d’un de ses soutiens, Cléonice Champomier, pour fêter ce changement politique.
« Ici, vous êtes un peu au consulat général du Brésil à Metz », sourit Jean-Michel en accueillant ses visiteurs. Sa maison de Metz-Queuleu est effectivement connue de la communauté brésilienne et des médias locaux pour être tous les quatre ans, à chaque Coupe du monde de football, le lieu de soirées enfiévrées autour de l’équipe auriverde. Mais ce vendredi soir, à quelques jours du démarrage de la compétition au Qatar, elle a connu le même type d’affluence et d’ambiance, mais pour un autre événement. Il s’agissait cette fois de fêter – à la caïpirinha évidemment – l’élection de Lula, le nouveau président brésilien qui a battu sur le fil…
Lula retrouve le palais présidentiel du Planalto douze ans après avoir quitté le pouvoir. Quand il prendra ses fonctions, le 1er janvier, il sera à 77 ans le plus vieux président de l’histoire du Brésil. Il a déjà annoncé que cette sixième candidature sera la dernière. «Maintenant, je veux voter pour d’autres», a-t-il dit dimanche.
À l’issue d’une soirée pleine d’émotions et de suspense, la victoire de Lula a été saluée par des explosions de joie dans les grandes villes du pays. Des foules en liesse étaient descendues dans la rue avant même l’annonce officielle, des cris «c’est Lula» ont fusé, pétards et feux d’artifice ont éclaté, des concerts de klaxon ont retenti. L’avenida Paulista, les «Champs Élysées» de São Paulo, était dès la fin de l’après-midi noire de monde.
À Rio de Janeiro, c’était la fête sur la grande place de Cinelandia, dans le centre, où des milliers de personnes se sont retrouvées pour célébrer la victoire de Lula.
Lula a prononcé un discours de victoire pacificateur qui, au-delà de ses électeurs, s’adressait à tous les Brésiliens. «C’est l’heure de baisser les armes», a-t-il lancé, entouré de ses alliés centristes dont son colistier Geraldo Alckmin réunis dans un grand hôtel de São Paulo.
«Le Brésil a besoin de paix et d’unité», a insisté le président élu, pour réconcilier un pays fracturé par quatre ans de gouvernement Bolsonaro. Sa priorité, a-t-il dit, sera «d’en finir avec la faim» qui touche 30 millions de Brésiliens. Il a aussi souligné que le Brésil était «prêt à reprendre son leadership dans la lutte contre la crise climatique (…) Le Brésil et la planète ont besoin d’une Amazonie en vie».
Lula souhaite faire de la lutte contre la faim et du réchauffement climatique ses priorités. Mais à 77 ans, l’ancien ouvrier, fondateur du Parti des travailleurs, devra cependant diriger un pays profondément divisé et isolé sur le plan diplomatique.
Sous la présidence de Jair Bolsonaro, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint un nouveau record, du jamais vu depuis 15 ans. De janvier à octobre, près de 10 000 km² ont été déblayés, soit plus que 12 fois la ville de New York.
Les écologistes s’inquiètent d’une « course effrénée vers la dévastation » avant le transfert du pouvoir à Luiz Inacio Lula da Silva, qui promet de protéger le poumon de la planète, dès qu’il prendra ses fonctions le 1er janvier.
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