GABRIEL MIHAI
Le suspect-clé des attaques de Paris et Bruxelles, a été mis en examen dans la capitale française lundi dans l’enquête sur les attentats jihadistes du 13 novembre 2015, ont annoncé ses avocats dans un communiqué.
Mohamed Abrini a été entendu lundi 30 janvier, par l’un des six juges d’instruction chargés de l’enquête sur les attentats du 13 novembre. Il a été remis à la France pour la journée, afin de se voir signifier sa mise en examen au palais de Justice de Paris, où il est arrivé escorté par le GIGN. « Le juge d’instruction ne lui a pas posé de questions », ont déclaré ses avocats, Me Emmanuel Pierrat et Me Stanislas Eskenazi. Le Belge-marocain, soupçonné d’être « l’homme au chapeau », lors de l’attentat de Bruxelles va ainsi passer 24 heures en France.
Il a été remis lundi aux autorités françaises, pour la journée, a annoncé le parquet fédéral de Belgique.
Arrivé escorté par les gendarmes d’élite au palais de justice de Paris, le suspect de 32 ans a été immédiatement mis en examen (inculpé), notamment pour son rôle présumé de logisticien dans les attentats de Paris et du Stade de France près de la capitale, qui ont fait 130 morts en novembre 2015.
Ce transfert, de courte durée, s’inscrit dans le cadre d’un accord de coopération judiciaire entre la France et la Belgique.
À l’issue de sa mise en examen, Mohamed Abrini devait regagner la Belgique où il est inculpé et incarcéré pour sa participation présumée à ces attaques jihadistes à Paris, les plus meurtrières jamais commises en France, mais aussi dans l’enquête belge sur les attentats qui ont fait 32 morts le 22 mars à l’aéroport et dans le métro de Bruxelles.
Celui qui était présenté comme «l’homme au chapeau» et aux fausses lunettes poussant un chariot dans l’aéroport de Zaventem peu avant le drame est aussi considéré par les enquêteurs français comme un suspect-clé des attentats du 13 novembre.
Les juges antiterroristes parisiens avaient délivré à son encontre un mandat d’arrêt dès le 24 novembre 2015. Après son arrestation le 9 avril à Bruxelles, les autorités belges avaient précisé qu’elles ne le remettraient pas dans l’immédiat à la justice française afin de faire progresser l’enquête en Belgique.
En apparaissant sur des images de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attaques, à bord de la Clio noire qui devait servir à emmener les kamikazes au Stade de France.
Ses avocats ont déploré que Mohamed Abrini soit poursuivi à la fois en France et en Belgique pour les attentats de Paris, Bruxelles ayant aussi ouvert une procédure de son côté. « Des Etats de droit, en l’occurrence la France et la Belgique, peuvent-ils juger un justiciable deux fois pour les mêmes faits? », demandent-ils, ce qui selon eux soulève des « problèmes de procédure inextricables ».
Face aux enquêteurs, il avait reconnu être «l’homme au chapeau» accompagnant deux kamikazes à l’aéroport le 22 mars, tandis qu’un troisième jihadiste se faisait exploser dans le métro, dans des attentats orchestrés à la hâte par la même cellule jihadiste franco-belge du groupe État islamique (EI) qui avait visé la capitale française.
Jusqu’ici, face aux enquêteurs, Mohamed Abrini, originaire de la commune bruxelloise de Molenbeek comme d’autres membres de la cellule jihadiste, a livré quelques explications, contrairement à Salah Abdeslam, qui s’est muré dans le silence.
Interrogé sur son adhésion aux thèses du groupe jihadiste, Abrini s’est montré ambivalent: il s’est dit «prêt» à «prendre les armes» pour «la défense des faibles», tout en affirmant être en désaccord avec des attentats «sur les populations».
Il avait expliqué s’être radicalisé après la mort de son frère, Soulaimane, décédé après avoir rejoint l’EI en Syrie. Mohamed Abrini s’y était rendu à son tour à l’été 2015, pour un court séjour mais il a dit aux enquêteurs n’avoir «reçu aucune mission en rapport avec l’EI».
Après son inculpation, ses avocats ont déploré qu’Abrini soit poursuivi à la fois en France et en Belgique pour les attentats de Paris. «Des États de droit, en l’occurrence la France et la Belgique, peuvent-ils juger un justiciable deux fois pour les mêmes faits?», se sont interrogés Emmanuel Pierrat et Stanislas Eskenazi.
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