Nombreux sont ceux qui essaient de comprendre le sens du mot inflation. L’inflation va-t-elle impacter notre façon de vivre ? Représente-t-elle un danger ? Les solutions existent-elles ? Est-il judicieux d’être résilient ou d’être résistant ? Il semble évident que cette crise touche d’abord les populations les plus fragilisées et nous sommes face à une situation pour laquelle nous nous devons de trouver des solutions.
Le pourcentage de la dette mondiale est, par rapport au PIB (produit intérieur brut) passé de 200% en 1999 à 350% en 2021.
Il nous faut admettre que nombre de pays du monde sont impactés, et par ce fait, tous les repères économiques sont bouleversés. Cela signifie que les réflexes acquis, l’expérience, et toutes les théories économiques doivent être oubliés.
La grande et unique question est la suivante : cette inflation est-elle conjoncturelle ou structurelle ?
L’hypothèse rassurante consisterait à croire que son origine se trouverait dans les mesures prises suite à la crise sanitaire conjuguées aux conséquences des mesures prises dans le cadre de la guerre en Ukraine et qui a entraîné une hausse du prix de l’énergie. Nous aurions dans ce cas à faire face à une inflation conjoncturelle.
L’inflation provient d’un décalage entre la masse monétaire et la réalité de la richesse échangée. Un bien ou service acheté devrait correspondre à une vraie valeur, c’est une reconnaissance de dette.
Dans les faits, nous avons un profond problème de lien entre : monnaie – richesse – PIB – masse monétaire mondiale.
Cela signifie que s’il y a problème monétaire c’est sur base de l’émission de la dette mondiale. En clair cela veut dire que nous avons par rapport à la richesse mondiale un niveau de dette trop élevé. La situation, au moment de l’écriture de ce texte est de 92/350 (92’000 milliards de PIB mondial et 350’000 milliards de dette mondiale).
Trop de dette par rapport à la richesse créée.
Vu sous cet angle l’inflation que nous découvrons et ressentons n’est en rien conjoncturelle mais bien structurelle, car la monnaie en circulation ne trouve plus de réalité économique sur laquelle elle peut se positionner.
Cela a créé une bulle.
L’inflation est alimentée par la hausse du prix de l’énergie et des taux d’intérêts.
Autant la reprise économique après la crise COVID a été saluée autant elle a créé de la pénurie, créant l’augmentation des prix, qui est le point de basculement d’un monde économiquement structuré dans un monde de pénurie soutenu par un choc externe au travers de la perte de la valeur de la monnaie.
Ajouté à ce choc se greffe celui de la pénurie alimentaire, choc sur les matières premières alimentaires celui du choc des mesures dans le cadre de la guerre, celui du choc des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.
La hausse des prix alimentaires et celle des prix de l’énergie est redoutable car elle impacte en temps réel la population qui a des revenus modestes. Le phénomène inflationniste est perçu violemment. Cela signifie clairement que nous entrons dans la boucle inflationniste prix-salaires.
Concrètement nous avons une perte du pouvoir d’achat de tous les salariés, il n’est d’autre réponse possible que l’augmentation des salaires.
Mais si tous les salaires augmentent, le coût de toutes les productions augmente, l’augmentation des salaires permettra de maintenir le pouvoir d’achat sur un temps court mais risque, et très vite, d’être insuffisante. Les salariés vont acheter des produits dont les prix montent car ces mêmes produits proviennent du travail des salariés dont les salaires ont augmenté ….
Voilà pourquoi déjà l’inflation est incontrôlable et voilà pourquoi déjà nous sommes pris dans la spirale inflationniste. Ce choc s’accélèrera au travers de l’augmentation du prix de l’énergie, que l’on constate lors du plein de la voiture, prix du gaz, prix de l’électricité et des prix alimentaires. L’impact de l’inflation lancée à pleine vitesse peut d’ici quelques mois amener la famine. Que la guerre en Ukraine s’arrête ou pas l’inflation restera et s’accélèrera.
Tous ces chocs économiques mis bout à bout alimentent l’inflation, alimentant le processus de pénurie, alimentant le processus d’augmentation des prix et donc accélérant la spirale inflationniste du fait de la problématique salaire.
Se pose parallèlement à ce phénomène, la fausse impression de plein emploi en France, rareté de la main d’œuvre perceptible. C’est à ce niveau que vont se déclencher les problèmes sociaux. Un grand nombre de Français ne trouvent pas ou ne trouveront pas d’emploi et donc pas de situation stable pour pouvoir exister et pouvoir nourrir leur famille. Ils seront contraints de ne pouvoir compter que sur le soutien de l’Etat. Ou sur eux-mêmes.
Clairement les propositions d’emplois vont diminuer, les licenciements s’intensifier. Augmenter les salaires alimente d’inflation !
La situation économique actuelle est impossible à tenir, et il n’y a plus de remèdes connus. Nous allons entrer dans une situation très compliquée à gérer. Le risque social est dans tous les cas à son niveau le plus élevé. Le danger est aussi présent au niveau de notre épargne personnelle et de l’investissement donc du rentier et du retraité.
Nous voici à la porte de la stagflation, situation particulière et douloureuse humainement.
Voici pourquoi le problème des faibles revenus et de l’endettement de l’Etat doit être résolu par la banque centrale européenne afin de maintenir coûte que coûte le pouvoir d’achat des Français les plus exposés. Il est donc vital pour l’économie d’augmenter les taux d’intérêts pour ne pas faire disparaître l’épargne et ne pas casser le mécanisme d’investissement.
A nous de penser autrement, de repenser vite et bien et d’apporter des structures libérées de modèles et croyances qui ont vécu. Loin des peurs, des rigidités. Avec espoir, humanité.
Jean-Luc GINDER Economiste
Economiste
Auteur
Marketing de l Energie
La nouvelle Russie
Co Auteur Phobiamanagement
Thèse
Contraphobie économique
Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne
Paris, France
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