Le premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mardi qu’il allait présenter la démission de son gouvernement, au 13e jour d’une contestation populaire inédite réclamant la chute du régime.
« Je me rends au Palais de Baabda pour présenter la démission du gouvernement au président de la République », a déclaré M. Hariri lors d’une brève allocution télévisée, accueillie par les vivats de la foule qui l’écoutait en direct sur les lieux de rassemblement.
L’un des derniers épisodes en date de cette séquence politique est l’appel le 25 octobre du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, à ses partisans de ne pas participer aux manifestations. Cet appel faisait suite à des heurts qui ont opposé les partisans du Hezbollah et des manifestants, dus au fait que certains de ces derniers conspuaient Hassan Nasrallah, au même titre que les autres dirigeants.
La révolte a été déclenchée le 17 octobre par l’annonce surprise d’une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. Elle a été vite annulée mais la colère ne s’est pas calmée contre la classe dirigeante, jugée unanimement incompétente et corrompue dans un pays qui manque d’électricité, d’eau ou de services médicaux de base 30 ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).
Le bras de fer qui se prolonge entre la rue et le pouvoir a paralysé le pays, notamment à cause des nombreux barrages routiers. Le pouvoir n’a jusque-là fait aucune concession significative, semblant jouer le pourrissement d’un mouvement sans leader.
L’armée, envoyée à plusieurs reprises pour lever les barrages, a le plus souvent renoncé face à la détermination des manifestants. Elle avait même fraternisé mercredi avec la foule dans des scènes reprises en boucle sur les chaînes de télévision et qui ont ému tout le pays. Dimanche matin, comme chaque jour, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont pris possession du coeur de Beyrouth pour nettoyer les lieux de rassemblements. Certains avaient dormi sur place sous des tentes, visiblement déterminés à rester aussi longtemps qu’il le faudra.
La diaspora libanaise se mobilise elle aussi pour apporter son soutien au soulèvement, avec des rassemblements qui ont eu lieu à Paris, Londres ou à Amsterdam.
La police avait déjà dû intervenir brièvement dans la matinée sur un pont autoroutier pour stopper des échauffourées impliquant des partisans du Hezbollah pro-iranien.
Les manifestants avaient réussi dimanche une démonstration inédite de force et d’unité en formant une chaîne humaine du nord au sud du pays, sur 170 km de long.
Les manifestants ont privilégié les mêmes slogans : « Révolution, révolution !, « Tous, cela veut dire tous », et « Le peuple veut la chute du régime ».
L’actuel gouvernement est le troisième dirigé par M. Hariri à tomber, depuis son accession au pouvoir en 2009.
Longtemps soutenu par l’Arabie saoudite, il est le fils du milliardaire et ancien premier ministre Rafic Hariri assassiné en 2005.
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