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21 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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L’Iman Hassen Chalghoumi présent à l’Assemblée Nationale pour un colloque sur le regain des tensions dans le Golfe Arabo-Persique

Un colloque reposant sur le thème du regain de tension dans le Golfe Arabo-Persique a été organisé par le géopoliticien Frédéric Encel et la Paris School of Business, vendredi 21 juin de 14h à 18h, salle Colbert à l’Assemblée Nationale.

Un programme composé de 2 tables rondes d’experts dirigées par Frédéric Encel , Docteur HDR en géopolique et professeur à la Paris School of Business, pour la première et Hugo Billard, professeur de géopolitique en CPGE, animateur sur  radio Notre Dame, directeur de manuels scolaires et conférencier en géopolitique et géoéconomie pour la seconde, a été organisé autour des pays du Golfe Persique et de l’économie liée au pétrole.

Suite aux nombreuses tensions qui ont éclaté depuis des mois dans le Golfe Arabo-Persique (Iran, Irak,  Koweït, Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, les Émirats arabes unis, Oman et quelques kilomètres de côtes avec l’enclave de Musandam), un colloque s’est tenu mettant l’accent sur l’ingérence des pays frontaliers et le développement des groupuscules radicaux qui déstabilisent la région.

La première table ronde qui s’intitulait:« Bruit de bottes dans le Golfe » a vu l’intervention de personnalités sur 4 thèmes liés à la région:

  • Les alliés de la France dans le Golfe avec les réflexions de François Loncle, ancien Président de la commission des Affaires Etrangères à l’Assemblée Nationale.
  • Les enjeux du Détroit d’Ormouz par Nassima Ouhab, docteur en économie et enseignante à Paris X
  • L’Iran et son axe chiite par Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut Thomas More.
  • Quel rôle joue Hezbollah? par le journaliste indépendant Emmanuel Razavi.

Situation et enjeux, impacts nationaux et internationaux y ont été abordés tout comme l’ingérence des groupuscules et des pays étrangers.

La seconde table ronde avait pour fil conducteur, « Le Golfe Persique dans tous ses Etats » et portait sur la géopolitique:

  • Les houtis au Yémen par Khatar Abou Diab, enseignant chercheur à Paris XII.
  • Géopolitique maritime de l’Iran par Hugues Eudeline, capitaine de vaiseau (CR).
  • L’ enjeu complexe de la Turquie par Nora Seni, professeur des universités à l’IFG.
  • Les Emirats, une puissance montante par David Rigoulet-Roze, docteur en sciences politiques.

Graphiques à l’appui, les risques liés au pétrole et à son commerce à travers le globe ont été démontrés.

Par ailleurs, la ville de Trouville (14), accueillera les 29 et 30 juin prochains, les 4èmes rencontres de géopolitique dont le thème, cette année sera « les frontières ». Placées sous le haut patronage du Ministre des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, elles proposeront 8 tables rondes.

Lors du colloque du 21 mai, la première intervention fut celle de François Loncle, homme politique qui a remplacé Mendès France après le décès de ce dernier en 1982. « Depuis la fin de la seconde guerre mondiale en 1945, les rapports de force dominent… et il faut fonder une stratégie internationale: la Russie bloque, la Chine veut changer mais à son intérêt ». Grâce à Jean-Yves Le Drian ( à la défense de 2012 à 2017 sous le quinquennat de François Hollande puis aux Affaires étrangères depuis 2017 et l’élection du Président Emmanuel Macron ),le dialogue est plus facile face aux présidents Trump et Bolsanéro. La France veut garder le lien avec le Golfe Persique quelque soient les difficultés. Les attentats de mai et novembre 2015 ont marqué la France et la menace terroriste djiadiste de Daesh a atteint le Mali et les anciens pays colonisateurs. Le G5 Sahel tarde à se déployer tant au point de vue politique, judiciaire, idéologique, économique; la France conforte son engagement européen par rapport à certains pays d’Europe qui cherchent la division.

Concernant la vente d’armes, leur exploitation amène la souveraineté et la capacité de renouvellement. Ainsi au Yémen, le coup d’état est soutenu par l’Iran, Al  Qaida (organisation terroriste islamiste d’inspiratiion salafiste djihadiste fondée en 1987 par le cheikh Abdullah Yusuf Azzam et son élève Oussama ben Laden) et Daesh  (organisation terroriste, militaire et politique, d’idéologie salafiste djihadiste ayant proclamé le 29 juin 2014 l’instauration d’un califat sur les territoires sous son contrôle). Début juin, Abou Oussama al-Mouhajir et d’autres membres de Daesh au Yémen ont été arrêtés par un commando saoudo-yéménite.

L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ont quant à eux un partenariat stratégique qui respecte la proposition de l’Europe sur les armements, chaque vote étudie point par point les propositions.

L’Iran, de son côté suit des négociations avec les Etats-Unis sans la France et l’Allemagne et on peut noter chez ces derniers un point commun: la volonté d’être présent pour préparer la paix en suivant une ligne qui peut durer et continuer.

Le second point touchait le détroit d’Ormouz, ses enjeux économiques, politiques et militaires. Situé entre la mer d’Oman et l’Océan Indien, il est le maître des situations du Golfe, en particulier pour le pétrole (chaque jour, 19 millions de barils transitent par le détroit soit 90% des productions venant de l’Arabie Saoudite et 98%  de celles des Emirats Arabes unis majoritairement de Koweit et Barhein, mais aussi le gaz liquide de Qatar).

Depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien du 14 juillet 2015, une pression de plus en plus forte sur l’Iran a été exercée par les USA. Malgré les menaces du 8 mai 2019 de Téhéran d’accorder un délai de 60 jours aux autres signataires de l’accord pour maintenir leurs engagements  et permettre à l’Iran de pouvoir vendre son pétrole dans le monde, l’UE a tenté de contourner les sanctions de Washington en créant Instex, une entité censée servir au paiement des transactions entre les entreprises européennes et l’Iran et se passer de la monnaie américaine dans les transactions internationales. Toutefois l’Iran n’a pas fermé le détroit d’Ormouz duquel dépendent  Oman, les USA et la Chine et qui permet à Dubai d’être la plaque tournante pour les marchandises provenant d’Asie. Si on bloquait le détroit, il y aurait atteinte à la souveraineté des états. La guerre Iran-Irak de 1980 à 1988,  des variations sur le prix du pétrole comme en 1986 où on a constaté une baisse allant jusqu’à 50%, ont marqué cette période; en 1988, les USA n’ont pas accepté le chantage et répliqué par des bombardements; en 1991, la France, la Belgique et la Grande Bretagne interviennent face au conflit Irak-Koweit, les USA protègent la région bien que leurs besoins ne soient pas engagés et retournent au Moyen Orient à cause de la guerre en Syrie. Par ailleurs, si l’Iran veut améliorer sa situation économique, elle doit éviter une guerre où elle serait la grande perdante, pourtant la nuit du 20 juin 2019, l’Iran a abattu un drone américain, ce qui amène des conséquences sur la région et des interdictions aux ressortissants de certains pays musulmans de se rendre aux USA.

L’intervention du journaliste du Global  Geo News,  Emmanuel Ravazi, dans laquelle il a exprimé le rôle joué par le Hezbollah (fondé en juin 1982, mais révélé publiquement en février 1985,ce groupe islamiste chiite est aussi un parti politique basé au Liban. Ses activités paramilitaires sont supervisées par le Conseil central djihadiste. L’organisation est parfois qualifiée de « djihadiste chiite).  Dans ce contexte, le Hezbollah est le bras armé de l’Iran dont Israel et les USA sont les sujets de leur haine. L’axe chiite est dirigé par les Iraniens, avec ses alliés, la Syrie et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, qui ont réussi là où personne d’autre n’a réussi depuis la Première guerre du Liban en 1982. Le point de départ des belligérances dans toute la région est l’Afghanistan envahit par l’URSS en 1979.

Parmi les questions posées par l’auditoire, le rôle de Qatar par rapport à l’Iran. Il y a là un risque qui vient de l’organisation des « Gardiens de la Révolution »(force défensive pour protéger la révolution iranienne, selon Téhéran et organisation terroriste selon Washington), sachant que Qatar a noué des relations avec les Frères Musulmans à partir de 1949.

Dans la seconde table ronde, de nombreux graphiques ont permis de comprendre ce que sont les risques pour le pétrole en cas de fermeture du détroit d’Ormouz, quand on sait que 17% du marché du pétrole, 12% gaz naturel exporté et 20% du gaz liquéfié vers les marchés asiatiques proviennent de l’Iran et du Qatar, cela représente 50% de la production de l’OPEP et 70% des importations japonaises, l’approvisionnement pour les USA est faible, 12% à 14% pour la France;

Hugues Eudeline,  capitaine de vaisseau a parlé des échanges faits en prenant la mer. En effet, les océans représentent 71% du globe et les terres 29%, les canaux de Suez et du Panama sont les seuls moyens pour les faire communiquer entre eux en sachant que 90% des marchandises passent par la mer, les « Nouvelles routes de la soie » proposées par la Chine ne représentent que 5% du trafic. Le chemin le plus court entre l’Europe et l’Asie reste la voie maritime. Toutefois, la Chine et la Russie élaborent le projet de passer par les pôles.

Nora Sini a parlé du jeu complexe de la Turquie; d’un côté, la réconciliation avec l’Arabie Saoudite contre l’Iran, de l’autre le chagrin pour la mort de l’ex-président Morsi il y a quelques jours. La stratégie est basée sur le rôle de la femme dans la société.

Concernant les élections municipales du 23 juin dernier, le candidat du président Erdogan a été battu, la victoire de l’opposition a mis fin à 25 ans de contrôle du camp islamo-conservateur à la mairie d’Istanbul, plus grande ville et capitale économique de la Turquie.

Au niveau touristique, la Turquie était la première destination pour les E.A.U. et l’Arabie Saoudite, pourtant on constate une baisse de 70% des voyages due à l’hostilité des Saoudiens.

Après le Conseil de Coordination entre la Turquie et l’Arabie Saoudite, 2 groupes distincts se sont formés: La Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar (Pro- rébellion) et l’Iran, l’Irak et le Liban (contre). En 2017, Qatar se désolidarise de l’Arabie et la Turquie reste seule à l’international.

Autre point de belligérance, le Yémen avec le conflit interne qui l’ oppose aux rebelles  Houthis, (organisation armée, politique et théologique zaïdite, active initialement dans le gouvernorat de Sa’dah et le nord-ouest du Yémen, puis à partir de 2014, dans tout le pays), soutenus par l’Iran. Khatar Abou Diab, enseignant chercheur à Paris XII a tenté d’expliquer les raisons de cette guerre civile qui a débuté en 2004 dans le nord du Yémen puis au sud à partir de 2014. Ces dernières semaines, les attaques des Houthis se sont multipliées  contre des camps de la coalition menée par l’armée saoudienne depuis plus de 4 ans.

Dernier thème abordé, la montée des émirats. Ces derniers souhaitent renforcer la paix face aux 2 menaces que sont la montée en puissance des courants islamistes dans le contexte du printemps arabe et l’expansionnisme chiite. Membres de la coalition militaire au Yémen, emmenée par l’Arabie saoudite depuis le 23 mars 2015, ils avaient rappelé leur ambassadeur à Téhéran en 2016 après la séparation de l’Arabie Saoudite et de l’Iran; ils sont aux côtés de l’Arabie Saoudite, du Bahrein et de l’Egypte dans le conflit contre le Qatar qui soutient les mouvements issus des frères musulmans et sa proximité avec l’Iran.

Dans l’assemblée se trouvait l’Imam modéré Hassen Chalghoumi qui a soutenu la visite du Pape aux E.A.U. en début d’année et qui vient de revenir d’un voyage de paix organisé à Ramallah et en Israel, accompagné d’une quarantaine de jeunes musulman de toute la France et 5 de Mollenbeck; ils ont rencontré des dignitaires israeliens dont le Président de la République ainsi que de Ramallah. Le but de ce voyage était de démontrer qu’il est possible de s’entendre entre juifs et musulmans.

Depuis son retour en France, l’Imam Chalghoumi qui milite pour le rapprochement entre juifs et musulmans, à commencer dans sa ville de Drancy,  mais aussi contre toute forme d’intégrisme, a encore reçu des menaces de mort,à ce jour 22, de la part d’intégristes qui le traitent de collaborateur et de traître alors qu’il n’est simplement qu’un émissaire de la paix.

 

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