web analytics
19 mars 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

"NOUS SOMMES UN JOURNAL INDÉPENDANT"

Le monde de la culture perd un grand nom du théâtre et du cinéma

Candice Patou et Robert Hossein / Photo Véronique PHITOUSSI - IMPACT EUROPEAN

Dans toute sa carrière, il a rencontré de nombreuses vedettes à qui il a donné la réplique. Jean Gabin, Brigitte Bardot, Sophia Loren, Jean-Paul Belmondo, en font partie.

La culture française a perdu de grands noms durant le mois de décembre.

Robert Hossein, l’inoubliable Joffrey de Peyrac dans Angélique vient malheureusement allonger la liste des disparitions.

L’ancien Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing nous a quittés dès le début du mois. Claude Brasseur et Robert Castel ont rejoint leurs amis au Paradis. Le monde de la musique a perdu Rika Zaraï, Ivry Gitlis et Claude Bolling. La Haute Couture est en deuil avec la disparition de Pierre Cardin et le directeur de Paris Match, Olivier Royant est décédé ce jour suite à une longue maladie.

Qui était Robert Hossein?

Robert Hossein, de son vrai nom Abraham Hosseinoff, est né le 30 décembre 1927 à Paris dans une famille de musiciens. Son père iranien zoroastrien est compositeur et mère russe ukrainienne orthodoxe est pianiste.

Après une enfance dans la pauvreté, il se consacre à l’art dramatique dès l’âge de 15 ans. Il suit des cours de théâtre à l’école de Tania Balachova et se met à la mise en scène.

Carrière au cinéma

Acteur

A la fin des années 40, Robert Hossein devient acteur au cinéma dans « Le Diable Boiteux » de Sacha Guitry et « Du Rififi chez les hommes » de Jules Dassin) puis réalisateur.  Son succès dans le rôle de Joffrey de Peyrac dans la série « Angélique »  (1964-1968) le rend inoubliable. Toutefois, il a beaucoup tourné dans les films de Roger Vadim (« Le Vice et la Vertu », « Barbarella »), Henri Verneuil (« Le Casse »), ou Claude Lelouch (« Les Uns et les Autres », « L’Homme et son chien »)  Sa carrière cinématographique se termine en 2019 avec le film d’Alain Williams, « Le Fruit de l’Espoir ». Son nom a été au générique d’une centaine de films.

Dans toute sa carrière, il a rencontré de nombreuses vedettes à qui il a donné la réplique. Jean Gabin, Brigitte Bardot, Sophia Loren, Jean-Paul Belmondo, en font partie.

Réalisateur

En 1955, il réalise son premier film, « Les salauds vont en enfer« , adaptation de la pièce de San Antonio où il joue avec sa première femme, Marina Vlady. Il a aussi réalisé les polars « Pardonnez nos offenses  » en 1956 et « Toi le venin » en 1959. Au total, il compte la réalisation d’une quinzaine de films dont Le Caviar Rouge » en 1986 qui sera le dernier.

Carrière au théâtre

Auteur 

Robert Hossein compte 4 pièces à son actif en tant qu’auteur entre 1949 et 1963:

  • 1949 : Les Voyous, Théâtre du Vieux-Colombier.
  • 1954 : Responsabilité limitée, Théâtre Fontaine
  • 1957 : Vous qui nous jugez, Théâtre de l’Œuvre
  • 1963 : Six Hommes en question de Frédéric Dard & Robert Hossein, Théâtre Antoine

Comédien

Son nom est apparu dans la distribution d’une trentaine de pièces dont la première fut « Le Retour de l’enfant prodigue » d’André Gide, mise en scène Jean Marchat, Théâtre des Mathurins en 1949. Ses dernières prestations au théâtre furent en 2010 (« L’Affaire Seznec » d’Éric Rognard et Olga Vincent au Théâtre de Paris et « Dominici : un procès impitoyable » de Marc Fayet au Théâtre de Paris).

Metteur en scène

il compte à son actif près d’une quarantaine de mises en scène entre 1949 (« Les Voyous ») et 2010 (L’Affaire Seznec » et « Dominici: un procès impitoyable) en passant par « Crime et Châtiment », « Des souris et des hommes » ou « Cyrano de Bergerac ».

Directeur de théâtre

En 1970, il a créé  à Reims son « théâtre populaire » et une école dont sont sorties Anémone et Isabelle Adjani.

La clé de sa réussite était de faire « du théâtre comme du cinéma; il en fit son slogan, mêlant lumières, musiques, textes classiques et grands sentiments.

Au bout de 8 ans et 17 créations, Reims est reconnu scène nationale et  obtient nombre de subventions  mais l’artiste décide de passer à autre chose.

Robert Hossein fut aussi directeur artistique du théâtre Marigny de 2000 à 2008, dans le 8ème arrondissement de Paris.

Les spectacles interactifs

Entre 1975 et 2011,  il ajoute à ses activités le montage de grands spectacles interactifs (près de 25) au Palais des sports ou au Palais des congrès ( « Le Cuirassé Potemkine, » « Notre-Dame-de-Paris », « Je m’appelait Marie-Antoinette », « Jésus était son nom, Ben-Hur,.. ).

Le thème est historique et il collabore avec Alain Decaux pour dresser le portrait des personnages, afin de toucher le coeur des spectateurs.

A la fin de chaque spectacle, le public était amené à voter; cette façon interactive a fait de lui un recordman des entrées pouvant atteindre 700 000 spectateurs.

 Récompenses et Décorations

Robert Hossein a reçu de nombreuses distinction pour son oeuvre et sa carrière:

  • Molière d’honneur (1995)
  • Médaille de la Ville de Paris, échelon grand vermeil (2000)

Décorations 

France

  • Commandeur de la Légion d’honneur (2006) ; officier (2000) ; chevalier (1990).
  •  Grand officier de l’ordre national du Mérite (2019) ; commandeur (1994) ; officier (1986) ; chevalier.
Monaco
  •  Commandeur de l’ordre du Mérite culturel (2006)

Engagements religieux

Ami de l’aumônier du théâtre populaire de Reims, il s’intéresse au catholicisme alors que sa mère juive russe est orthodoxe et son père azéri,  zoroastrien.

Dans les années 1970, à presque 50 ans, il décide de  changer de religion, il devient catholique et se fait baptiser en même temps que son fils Julien.

Cette nouvelle foi l’influencera dans le choix de ses créations: « Un homme nommé Jésus »  (1983), « Jésus était son nom » (1991), « Jésus, la résurrection » (2000), »N’Ayez pas peur », une pièce sur la vie de Jean-Paul II (2007), « Une femme nommée Marie » (2011 aux sanctuaires de Lourdes). Il voue également une dévotion particulière à sainte Thérèse de Lisieux.

En avril 2016, il est reçu par le pape François, sur la place Saint-Pierre à Rome. Il confie alors à Radio Vatican sa » motivation pour la défense d’un théâtre populaire qui permette aux jeunes de trouver des perspectives de culture, de sens et de foi « .

Vie privée

Robert Hossein a été marié 3 fois:

-Marina Vlady avec qui il a eu 2 fils Pierre et Igor. Elle a aussi partagé l’écran avec son mari.

-Caroline Eliacheff, fille de Françoise Giroux, qui se marie en 1962, alors qu’elle n’a que 15 ans. De cette union, nait un fils qui est devenu rabbin à Strasbourg. L’union ne durera que 2 ans et Caroline deviendra docteur en médecine puis psychanalyste. Elle écrira aussi des scénario pour Claude Chabrol.

-Candice Patou qu’il  rencontre en 1975  et épouse en 1976 Ils ont un fils Julien et vivront ensemble durant 40 ans jusqu’au 31 décembre 2020, date de son décès.

D’autres femmes ont partagé la vie de l’acteur:

-Marie-France Pisier qu’il rencontre en 1964

-Pascale Rivault qui lui doit ses débuts au cinéma et au théâtre depuis leur rencontre en 1970.

-Michèle Watrin, élève de son cours à Reims. Malheureusement, elle meurt en 1974 lors d’un accident de voiture après 1 an de liaison. Elle n’avait que 24 ans.

Décès

Le 31 décembre 2020, Robert Hossein est décédé à l’âge de 93 ans, le lendemain de son anniversaire. Hospitalisé pour des problèmes respiratoires. Il serait décédé des suites du coronavirus.

Hommages

Depuis l’annonce de la mort de Robert Hossein, les hommages se multiplient:

-Stéphane Bern: « Il va nous manquer ».. « Triste et peiné d’apprendre en ce dernier jour de 2020 la disparition de Robert Hossein dont j’aimais la fougue et l’enthousiasme, la passion du spectacle et de l’Histoire. »

-Pierre Lescure: « Il a fait naître tant de sentiments forts chez nous toutes et tous ! »

-Brigitte Bardot: « Que mon merveilleux guerrier repose en paix »… » Avec Robert Hossein, c’est toute une génération de talent et d’élégance qui disparaît à jamais. Il avait le charme slave, un talent d’acteur et de metteur en scène qui éclaboussait le théâtre et le cinéma ».

-Isabelle Adjani: »Voilà qu’il s’absente symboliquement le dernier jour de cette pathétique année 2020. Paix à son âme slave! »

-Jean-Paul Belmondo: « Depuis de longues années, j’appréciais sa gentillesse et son esprit de créateur infatigable toujours en éveil ». « Il repoussait tout le temps toutes les limites. »

-Mario Luraschi, ami et  dresseur équestre: « Aujourd’hui, je perds un ami, un père… »

-Philippe Torreton: « Il a voulu aller vers des grands spectacles vers des grands lieux ».

-Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes: « Il a été acteur, auteur, metteur en scène, c’était le prince du théâtre populaire, on ne compte pas ses succès, il avait un sourire charmeur, un œil de velours, une belle voix ».

Les politiques

-Jack Lang, ancien ministre de la culture déplore « la perte de ce géant du cinéma »…. »Ce qui me plaisait beaucoup en cet homme, c’était cet engagement total, plein, entier, généreux, dans ce métier ».

-Anne Hidalgo: » Il  aura su démocratiser la culture et faire venir des milliers de spectateurs dans les salles de théâtre ».

-Marine Le Pen: « Robert Hossein était un metteur en scène débordant d’énergie, aux spectacles démesurés, mystiques, et l’une des figures les plus populaires de notre cinéma. C’était aussi, évidemment, l’éternel Joffrey de Peyrac ! La culture française perd un de ses grands représentants ».

This website uses cookies. By continuing to use this site, you accept our use of cookies.