Véronique YANG
Serge Sarkissian, Président de la République d’Arménie est à Paris pour une visite de travail. La première étape de son voyage a été l’Hôtel de Ville de Paris où la maire Anne Hidalgo l’a accueilli chaleureusement. Il s’agit de leur quatrième rencontre en trois ans.
Lors de leur entretien, Madame Hidalgo et Mr Sarkissian ont pu débattre de nombreux sujets comme l’économie numérique et l’innovation mais aussi la coopération entre les villes arméniennes et la capitale.
Le Président arménien a prononcé un discours en présence de la maire de Paris, du Ministre des Affaires étrangères arménien Edouard Nalbandian, de trois de ses adjoints, Patrick Klugman en charge des relations internationales et de la francophonie, Pauline Véron en charge de la démocrtie locale, de la participation citoyenne, de la vie associative et de la jeunesse, Catherine Vieu-Charier en charge de la mémoire, du monde combattant, de la vie associative et de la jeunesse, de l’ambassadeur de France en Arménie Jonathan Lacote et de son homologue arménien en France Viguen Tchitetchian.
Lors de ce discours, ont été évoqués des points stratégiques comme l’économie numérique et l’innovation en référence avec la future école du numérique inspirée du centre des technologies créatives TUMO créée en 2011 à Erevan pour former gratuitement les jeunes de 12 à 16 ans aux nouvelles technologies et qui ouvrira dans quelques mois au forum des images dans le 1er arrondissement.
La France et l’Arménie entretiennent des relations amicales officialisées en février 1992 parmi lesquelles la culture et la mémoire ont une grande place.
Les premiers contacts entre les deux pays ont commencé à la période des croisades, au XI ème siècle au temps du royaume arménien de Cilicie. La frontière définitive ne sera fixée qu’en 1639, ensuite le pays sera victime de nombreuses guerres appauvrissant le pays et déplaçant sa population quelquefois même expulsée. Il se crée alors uns société urbaine de marchands et la population se tourne vers la religion considérée comme dernier refuge du sentiment national. C’est alors que la diaspora se développe en Europe mais aussi en Extrême Orient. La plupart d’entre elle est composée de financiers et de commerçants qui échangent avec l’Orient ainsi que la France sous l’influence de Colbert qui fonde à Constantinople l’École des enfants de langues qui doit former des interprètes chrétiens.Par ailleurs, le développement de l’imprimerie interdit dans le pays permettra de publier le premier livre en arménien.
Depuis la conquête du Caucase par les russes au 18ème siècle puis la cession de territoires par la Perse au début du 19ème, il existe une frontière entre Russie et Arménie ottomane. En 1840 arrive une nouvelle vague d’émigration vers la Russie mais aussi d’immigration venant de l’Empire ottoman ou du Caucase vers l’Arménie. En 1877, lors de l guerre entre l’Empire Ottoman et la Russie, de nombreux arméniens sont massacrés par les Kurdes d’où la décision de former deux partis révolutionnaires : le Hentchak (« la cloche »), de tendance socialiste, en 1887 et le Dachnak (Fédération révolutionnaire arménienne) en 1890. Leurs actions déclencheront une répression féroce organisée par le sultan faisant entre 200 et 300 000 morts, massacrés entre 1894 à 1896. La révolution turque ne fera qu’aggraver les choses et non assiste encore à des massacres ( 30 000 morts)dans la province d’Adana
Durant la première guerre mondiale, la France, le Royaume Uni et la Russie sont alliés contre l’Allemagne, l’Empire Austro-Hongrois et l’Empire Ottoman. Le territoire de l’Arménie est alors en proie aux batailles et aux massacres , s’en suivent le désarmement et l’exécution des soldats arméniens dans l’armée turque puis le massacre des élites et déportation du restant de la population sous prétexte de les éloigner du théâtre des opérations. Le 24 avril 1915 marque le début du génocide avec l’arrestation et la déportation de 650 intellectuels et notables arméniens à Constantinople. (Cette date sert à la commémoration du génocide dans le monde). C’est en 1919 que l’on retrouve le génocide (reconnu par les historiens et par le Parlement Européen en 1987 mais pas par la Turquie) le plus important du pays avec un nombre de morts entre 800 000 et 1 500 000 morts.
Sous le régime soviétique, l’Arménie est la plus petite république de l’URSS marquée par la répression du nationalisme, en 1921, l’Arménie se révolte et établit un gouvernement dachnak qui ne dure pas suite au retour des Russes. En 1936, elle devient une des quinze républiques fédérées de l’URSS.
Alors que l’époque stalinienne terrorise le pays, collectivations et purges sévissent particulièrement pour les membres de la diaspora rentrés chez eux dont une grande partie s’est retrouvée au goulag.
L’économie du pays se développe après la mort de Staline grâce à l’agriculture et le développement de l’industrie au début des années 60. puis dans les années 70 la chimie et le nucléaire.
Le 7 décembre 1988, l’Arménie est frappée par un tremblement de terre dont l’épicentre est situé à Gyumri, provoquant la mort de trente mille personnes et en août 1990, l’Arménie déclare sa souveraineté vis-à-vis de l’Union soviétique avec un nouveau parti fondé par Ter-Petrossian, qui gagne les élections . En 1991, après avoir déclaré l’indépendance de l’Arménie, Ter-Petrossian devient le premier Président de la République d’Arménie. Le pays rejoint la Communauté des Etats Indépendants. A la fin de la même année, l’indépendance du Haut-Karabagh voisin entraînera un guerre qui durera trois ans entre ce dernier et l’Azerbajian. L’Arménie incorpore en 2000 le Conseil tout comme l’Azerbajian, en février 2007 le pays instaure la double nationalité pour les membres de la diaspora afin qu’ils puissent obtenir la nationalité arménienne. Depuis 2008, Serge Sarkissian est président de l’Arménie. En 2018, on assistera à l’élection d’un nouveau président de la République et l’application de la réforme constitutionnelle (adoptée en 2015) transférant l’essentiel du pouvoir exécutif au Premier ministre. Le pays accueillera aussi les 11 et 12 octobre le prochain sommet de la francophonie. Erevan avait déjà accueilli la 31ème session de la Conférence Ministérielle de la Francophonie en 2015. Ce sera aussi l’occasion de fêter le 2800ème anniversaire de la capitale Erevan mais aussi le triste anniversaire du tremblement de terre de 1988, au mois de mai (le 28), on fêtera les 100 ans de la proclamation de la première République d’Arménie.
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